Mission #2 : Infiltration & Observation

Pop

Il était apparut au milieu de la rue en pleine nuit, accompagné par ce son si singulier que faisait chacun de ses transplannages. Les toits de Pré-au-lard étaient recouverts d’une fine couche de neige, tombée le matin même, et l’éphémère chaleur du mois de janvier avait laissé place au froid glacial bien propre à la saison. Parcourant les lieux du regards, il put voir que la Tête de Sanglier était fermé, et il en ressentit un léger malaise, bien vite dissipé. Possant la petite mallette qui enfermaient ses affaires, il frotta ses mains gantés, puis se mit à marcher doucement, troublant le silence de la nuit par le bruit de la neige écrasé sous ses pas.

Tu vas transplanner à Pré-au-lard, et marcher jusqu’à Poudlard.

Traversant la rue centrale, il put voir à quel point le village était délabré, la guerre n’était jamais bonne pour les affaires, et peu de personnes osaient encore s’aventurer dans des bars. Il zigzagua donc, pour atteindre la gare, seul obstacle entre le village et Poudlard.
Il enjamba les rails, s’arrêtant l’espace d’un instant devant le vieux train, comme prit de nostalgie, avant de ricaner doucement et de poursuivre son chemin.
Il atteignit le lac, et put apercevoir le majestueux château, qui ne semblait pas subir l’épreuve du temps.

Tu iras rencontrer Hagrid, il te permettra de rentrer dans l’école.

Mais il n’eut pas le temps d’atteindre la vieille cabane de garde chasse, car une grande et grosse masse avançait à grand pas vers lui, tenant dans ses mains ce qui semblait être une arbalète.
- Qui êtes vous ? demanda-t-il à quelques mètres de distance.
- Pas d’inquiétude, je suis le nouveau professeur de défense contre les forces du Mal, hin hin.
- Ah… dit-il en baissant un peu son arme, on m’en a parlé, je peux savoir votre nom ?
- Sawyer, Cuthbert Sawyer. Il fit la révérence en ricanant doucement.
- Sawyer ! C’est bien toi ? Il avait cette fois complètement baissé son arme, et s’avançait amicalement. Cela fait si longtemps, dit-il en lui tapant l’épaule, ce qui lui rappela la force colossale dont était pourvu le garde chasse. Tu as bien changé, c’est quoi cette couleur de cheveux ?
- Une longue histoire, dit-il doucement. Il paraît que c’est vous qui me faites rentrer ?
- En tant que gardien des clés de Poudlard, le professeur MacGonnagal m’a chargé de ne laisser entrer personne. Repondit-il fièrement. Tu comprends, on a de moins en moins d’élèves à cause de cette foutu guerre.

Monte directement jusqu’au bureau du Directeur, le mot de passe est rhubarbe.

Hagrid prit une grosse clef, et ouvrit la lourde porte qui fermait Poudlard aux visiteurs. Il fit signe à Sawyer de rentrer.
- À demain ! et il la referma dans un bruit lourd.
Il resta quelques instants, comme rattrapé par son passé. Il connaissait par cœur chacune de ces pierres, chacun de ces chemins. Des bribes de souvenirs lui revinrent, mais il se dépêcha de les chasser et continua son chemin.

- Rhubarbe.
La gargouille se remua, pour laisser place à un escalier en colimaçon. Il le monta, et toqua à la vieille porte en chêne.
- Rentrez.
Ce qu’il fit. Le bureau n’avait pas changé, à quelques détails près, comme l’ajout d’un nouveau tableau. En face, Minerva McGonnagal le regardait, l’inspectait de ses yeux perçants, mais son regard avait perdu de sa vigueur, et de grosses cernes ornaient désormais ses deux yeux. Se souviendrait elle de lui ? Sûrement, comment pourrait-elle l'oublier, il y a de ces choses que l'on n'oublie pas.

Tu seras le premier arrivé, tu devras attendre les autres, pour qu’elle vous explique clairement votre mission. Part maintenant, j’entends Ael qui arrive. Bonne chance Cuthbert.



Ils étaient arrivés, les un après les autres, jusqu’à qu’ils soit tout les quatre dans le bureau du Directeur. Assit, le dossier contre le mur, Sawyer écoutait d’une oreille distraite tout en observant les objets en argent posés sur l’étagère.

- J’ai fais appel à vous par l’intermédiaire de Maugrey car un grand trouble poursuit Poudlard. Nous avons, depuis la mort d’Albus Dumbledore, changé de professeur de Défense contre les forces du Mal quatorze fois. Sawyer lâcha un sifflement, détournant l’espace d’un instant son regard des bibelots. Il est bien connu que ce poste à la réputation d’être maudit, mais les treize premières fois, le sorcier ou la sorcière a posté sa démission, sans donner de raison, apparemment troublé. Le cas n’aurait pas été si désastreur, si la matière n’avait pas tant d’importance en temps de guerre, et si nous n’avions pas retrouvé le quatorzième professeur mort dans sa salle. L’affaire a été étouffée, et le ministère nous a cédé un auror de plus, mais je ne peux plus me permettre qu’il y ai un autre drame du genre dans mon école, nous manquons déjà cruellement d’élève… Maugrey m’a demandé de vous trouver des couvertures ; Cuthbert Sawyer remplacera monsieur Dipped en tant que professeur de défense contre les forces du mal, miss Keyne remplacera le professeur Chourave, je me suis entretenue avec Pomona, elle vous laisse ses cours le temps que l’affaire s’arrange, miss Jones détient normalement du polynectar, et rentrera dans ma classe de septième année à Gryffondor, et Morgan Duprès officiera en tant que surveillant et subalterne de Rusard. Je compte sur vous pour trouver la source du problème, vous trouverez vos logements, aux appartements professoraux pour nos deux enseignants, chez les Gryffondors pour la nouvelle élève, le surveillant devra dormir dans les locaux de Rusard. À cette idée elle parut gêné, voir embêté pour le jeune homme. Voici vos emplois du temps. Je compte sur vous.

Ils sortirent, les un après les autres. Sawyer était en freelance, il n’avait donc pas de compte à rendre à la Gazette du Sorcier, et pouvait très bien se permettre de s’afficher en tant que nouveau professeur de défense contre les forces du mal.
- Cuthbert.
Sawyer s’arrêta devant la porte, les autres descendait déjà les escaliers en colimaçon.
- Oui ? Demanda-t-il sans se retourner.
- Je suis contente de voir que vous avez passé le cap.
- Le temps arrive à effacer certaines blessures, d’autres restes inéluctablement ouvertes et béantes. Mais j’ai passé le cap oui, répondit-il, en se tournant et en gardant son sourire.

Il sortit à son tour de la pièce, il devait maintenant retrouver ses appartements.

-Tu intégreras l'école en tant qu'élève de septième année de gryffondor.
-Sérieux?! L'autre vieille chouette va me laisser réintégrer sa maison? Elle doit déjà s'en arracher les cheveux...
-Je l'ai convaincu que tu avais acquis une certaine maturité et que tu serais là dans l'unique but de faire progresser notre mission.
-Oh oui... bien sûr. Tu me connais gran'manitou!

Ael étala un sourire victorieux alors que Maugrey affichait une mine soucieuse. De toute sa scolarité Ael n'avait fait que multiplier les emmerdements et cela semblait l'amuser follement, que cela donnerait-il si on lui offrait une seconde occasion d'être élève? Sans possibilité de véritable sanction qui plus est. Maugrey lui tendit un flacon de Polynectar avant de continuer son discours :

-Bon, officiellement tu seras : Lyse Duval, nationalité française, tu étais à Beauxbatons et tu viens en Angleterre pour te familiariser avec le pays afin de pouvoir y travailler plus tard. Le reste je te laisse l'inventer.
-Chef, oui chef !


Poudlard... Des millions de souvenirs lui revenaient en mémoire en se promenant dans les dédales du parc. Qu'il était étrange de revenir ici... elle avait tant de fois pensé qu'elle ne reverrait jamais le lac, le plafond de la grande salle, tout ce décor grandiose. Elle avait tant de fois pensé, qu'à l'abri de ces grandes pierres froides, il ne pouvait rien arriver...
Trois pas encore, là les rires tonitruants de Stonerd, le sourire malicieux de Peakes, les clins d'oeil de Rizoti, la main de Douglas... Un sentiment glacé la pourcourut àl'idée de revivre tout cela loin d'eux. Elle sourit doucement, Sawyer était là, Sawyer connaissait son passé, en partie du moins.

Hagrid vint vers elle avec son habituel regard bourru qui ne ressemblait à aucun autre. Il lui sembla qu'il avait vieilli, sa barbe était plus zébrée de blanc qu'auparavant et l'inquiétude avait maquillé ses yeux de cernes profondes. Ael lui sourit avec compassion, plus qu'à tout autre la mort de Dumbledore avait du être pour Hagrid une nouvelle abominable. Elle le suivit un instant et se sépara de lui pour suivre les couloirs qu'elle connaissait par coeur et rejoindre le bureau de la directrice...



Le discours de la Minerva n'en finissait pas, elle s'était calée dans un coin sombre et préférait admirer la légereté de sa robe d'élève, durant toute sa scolarité elle n'avait jamais eu l'occasion de porter une si belle robe. Elle relevait la tête de temps à autre et pouffa de rire en entendant que Sawyer serait son professeur... Sawyer prof, on aurait tout vu.

Elle releva également la tête à la mention du prof de botanique, miss Keyne, qui cela pouvait-il bien être? Elle tourna la tête de droite et de gauche avant de localiser la jeune femme à laquelle s'adressait Mac. Ael eut la sensation d'être foudroyée sur place et de recevoir en même temps une gigantesque douche froide.

Sam tourna légèrement la tête et Ael fut alors certaine qu'il s'agissait de.. "Personne"? Elle ne lui avait jamais demandé son nom finalement, quelle idiote! Elle retint tout de même son cri de surprise, elle ne savait même pas si l'autre l'avait reconnu. Décidément, le hasard avait de drôles de manies. La réunion se finit sans qu'Ael ne s'en aperçoive réellement, elle hocha simplement la tête à le mention du polynectar puis prit la porte en même temps que les autres.

-HEY!

Ael s'était élancée et avait attrapée Sam par le poignet. Elle lui laissa le temps de se retourner vers elle et lui adressa un grand sourire, à la limite de l'éclat de rire lorsqu'elle remarqua son regard ahuri de surprise.

-AEL??

A..el? La jeune fille s'adressa un violent coup du plat de la main sur le front. Non, non, là au milieu du couloir elle ne devait plus être Ael. Elle intima à Samaëlle l'ordre de se taire et sortit avec un air écoeuré la potion de polynectar.

-A la tienne...

Elle avala d'un trait le contenu de l'étrange flacon et ne parvint pas à retenir une grimace. Il était extrêmement désagréable de sentir son corps se métamorphoser pour ressembler à celui d'une autre mais elle devrait s'y faire. A la fin de la transformation elle tenta de s'observer, essayant de deviner ce à quoi elle pouvait ressembler mais aucune torsion de son cou ne lui permit d'apercevoir son visage. Elle jeta un regars inquiet à son ami, collègue et prof:

-Alors dis-moi... A quoi ressemble Lyse Duval?

Samaëlle était venue en train, avec les élèves qui revenaient des vacances d'hiver. Ses affaires, comme au temps où elle était élève, avait du être récupérés par des elfes de maison et envoyés dans son logement dit de fonction. Dans le compartiment le plus proche de la locomotive, il n'y avait eu que deux élèves. Apparemment en première années, ils l'avaient dévisagés. Elle leur avait adressé un sourire d'excuse en montrant d'un signe de tête la banquette.

Ils avaient fait de la place et elle s'était assise. La gêne passée ils avaient continués à parler entre eux. La jeune femme ne s'était pas mêlée de leur conversation, elle admirait le paysage. Sept ans qu'elle ne l'avait pas contemplé ainsi et pour dire vrai, cela ne lui avait pas tellement manqué. Elle ne retenait de ses années d'études ici qu'une longue période de travail acharné pour récupérer son retard, sans vrais loisirs. Le seul écart qu'elle se permettait était de réduire au silence les tableaux troublant son étude efficace.

Elle avait emprunté les carrioles tirés par les Sombrals. Ils étaient là, elle les avait toujours vu. Elle s'était d'abord étonnée que d'autres ne les remarque pas la première fois qu'elle avait poussé un cri de surprise puis avait fait des recherches. Seul ceux ayant vu la mort en action pouvait prétendre les voir et les approcher. Le mystère s'était alors épaissi et elle n'avait jamais cessé de se poser des questions.

Arrivée dans le bureau de McGonagall, elle se plaça sur l'une des chaises austères en bois qui lui furent proposées. Dans l'ombre s'étaient placés deux personnes, elle entendait distinctement leur respirations. Ils étaient en tout 4 représentants de la fsm et la nouvelle directrice qui exposait son problème et la seule solution qu'elle avait trouvé : eux.

La directrice de la maison de Gryffondor n'était certes pas jeune mais depuis qu'elle avait repris les fonctions de feu Dumbledore, elle semblait avoir pris une dizaine d'années. Samaëlle avait gardé en mémoire l'image d'un professeur intelligent et autoritaire qui ne faillissait jamais. La personne en face d'elle était dépassée par les évènements et avait appelé à l'aide. Samaëlle n'avait pas de peine pour McGonagall, elle était juste mal à l'aise d'assister à ce spectacle.

Ainsi donc, elle assurerait les cours de botanique. La jeune femme en voulait un peu à Maugrey de ne pas l'avoir mise au courant plus tôt. Peut-être avait-il eu peur qu'elle refuse? Elle lui avait pourtant assuré qu'elle ferait tout ce qu'il lui demanderait. Même si s'occuper de gamins pendant la plupart de la journée ne l'enchantait pas, c'était une matière qu'elle avait toujours adorée qu'elle enseignerait. Le professeur Chourave, en plus d'être le professeur de sa matière préférée, était la directrice de la maison Poufsouffle, son ancien foyer en quelque sorte. C'était l'un des seuls adultes pour lequel elle avait eu de l'affection.

Il lui semblait que confier l'éducation de jeunes enfants à Sawyer était une expérience intéressante qu'elle ne manquerait pas d'observer. Ils auraient les mêmes élèves, il serai facile de voir s'il les avait traumatisé à vie. Duprès en revanche n'était pas tombé sur le bon numéro. On ne pouvait pas dire que les quartiers de Rusard soient les plus confortables qu'il soit. Elle avait été de nombreuses fois dans son bureau, et le moins que l'on puisse dire était qu'il n'avait pas le sens de l'esthétique. Des chaînes qui pendant du plafond, quelle idée...

Elle ne connaissait pas l'équipier répondant au nom de Jones, un nouveau venu certainement. Il devait être assez jeune pour avoir le droit -ou l'obligation- de retourner parmi les élèves et de devoir travailler comme ses camarades. Même pour tout l'or du monde, Samaëlle n'en aurait pas voulu, de cette affectation là.

Ils prirent enfin congés de la directrice, les appartements des professeurs étaient tous au même endroit, mais elle ne savait pas réellement où. Samaëlle se sentit bête tout d'un coup. Un cri dans son dos attira son attention. Ael se tenait là, fière et amusée. La jeune femme ne put retenir une exclamation de surprise.

-AEL?

Elle obéit à l'ordre muet de la jeune fille et se contenta d'un froncement de sourcils pour question. Ainsi donc, cette gamine des rues était des siens. Elle sourit amèrement. Ca y était, elle prenait cette bande d'original pour sa famille? Elle était tombée bien bas. Chassant cette idée de son esprit, elle revint à la découverte de la journée. Si elle avait pu, elle savait qu'elle n'aurait pas empêché la jeune fille de participer à la fsm. Le choix appartient à chacun, même celui de risquer de mourir prématurément.
Cependant, elle avait appréciée sa compagnie et peut-être avaient-elles été amies pendant une minute de complicité. Y avait-elle des chances qu'elles le soient encore? Samaëlle ne se faisait pas d'idées, une fille comme Ael ne pouvait s'attacher à une personne comme elle. Trop de différences les séparaient.

La jeune fille but le polynectar. Son corps se métamorphosa peu à peu. Sam avait toujours trouvé cela répugnant. L'apparence nouvelle n'était pas trop éloignée de l'originale. Mais, pour se venger de la surprise qu'elle lui avait faite en se retrouvant toute deux dans le bureau du directeur, elle répondit avec une agitation feinte, plaçant ses mains sur les épaules de la jeune fille:

-Mon dieu! Ils ne t'ont pas épargnés! Ce doit être une mauvaise plaisanterie, ne t'inquiète pas. Mme Pomfresh arrangera ça rapidement.

- Tu parles d’une affectation ! A la limite je préfèrerais qu’on me rétrograde à la circulation magique plutôt que de moisir ici… Tout ça parce que j’ai foiré notre dernière mission. Comme si j’aurais pu deviner que ce malade allait se jeter sur notre voiture.
Mi amusée mi désolée je regardais Kyle fulminer, ses sourcils froncés comme une seule ligne au-dessus de ses yeux verts pâles. Une tasse de café à la main il gesticulait comme si des mouches lui tournaient autour.
- Enfin… Au moins on peut dire qu’il y a quelques mignonnettes pour passer le temps.
- C’est un crime ce à quoi tu es en train de penser.
Il haussa les épaules et se gratta le menton. Il avait la barbe rase et mal entretenue et une mèche blanche, vestige de notre récent accident, lui partait de la tempe pour aller se perdre dans ses longs cheveux blonds retenus en queue de cheval par une barrette.

Malgré son état d’énervement il restait globalement l’homme que j’avais toujours connu, mon fidèle bras droit coureur de jupon. Bon. Il faudrait peut-être qu’il pense à se passer un coup de rasoir. Il recommença à gigoter sur sa chaise en grommelant :
- Assez parler de moi. Je suppose que toi tu n’es pas passée juste pour me dire bonjour ?
Je souris et tirait une bouffée sur la cigarette avant de la lui rendre. Il tira une bouffée à son tour en faisant ressortir la fumée par le nez.
- Hélas tu as raison. Le Commandant Marvin exige un rapport. Avec la mort du professeur cette affaire devient plus grave qu’on ne le pensait de prime abord. Il faudrait envisager qu’un traître soit infiltré à Poudlard. Peut-être même plusieurs.
- Non sérieusement ? Pourquoi je serais sinon ? Tailler les rosiers ?

Il se tut un moment plongeant ses yeux dans son café. A sa main la cigarette fumait doucement. Je ne savais pas exactement de quoi il se plaignait. D’habitude il était un homme de terrain et manifestement quelque chose d’étrange se passait à Poudlard. Alors pourquoi rechigner ainsi ? Ou alors il considérait que sa mise à l’écart du ministère ne soit une sorte d’avertissement du ministère. Si c’était le cas ça n’avait rien de rationnel. J’avais bien spécifié dans le rapport qu’il avait perdu connaissance avant que l’on ne soit poursuivis par les créatures aux yeux rouges. Il n’était pas responsable, sa mèche blanche en était la preuve.

- Ah au fait. Tu connais pas la dernière ? Y a même pas une heure j’ai vu se pointer l’original pour le poste de professeur.
- L’original ?
- Ouais. Tu sais le gars qui était avec nous dans la voiture. Celui que tu voulais interroger au sujet des Bones.
- Cuthbert Sawyer ? Lui ? Ici ? Pour le poste de…
Ma mâchoire faillit se décrocher. Kyle se contenta d’acquiescer sobrement avant de jeter le mégot par terre et de l’écraser sous son talon. Il posa sa tasse, s’étira et se leva.
- En plus il y en a plusieurs qui sont arrivés pas longtemps après. A mon avis celui-là en connaît plus long qu’il ne veut le dire lui et sa clique.
- Certainement plus que tu ne le croies toi-même je pense. Intéressant cependant. Je crois que je vais rester un peu plus longtemps que prévu. J’adorerais… m’entretenir à nouveau avec lui. Je me levais à mon tour. Je repasse d’ici une heure ou deux. D’ici là essaye de coucher un rapport à peu près correct.
Kyle souffla bruyamment en maudissant Marvin. J’haussai les épaules. C’était son problème après tout. Lui n’avait pas à rester des heures d’affilées assis devant un bureau.

Je sortis de la petite salle qui lui avait été affecté et refermait la lourde porte derrière moi. Kyle avait été le dernier que j’avais rencontré sur les quatre aurors qui patrouillaient dans Poudlard et les alentours. Lui et Roswin s’occupaient de l’intérieur même de Poudlard, Hermet Q’unœil avait été assigné au par cet aux alentours tandis que tout le domaine de la forêt Interdite revenait à Liz Dolmen.
La raison pour laquelle je me trouvais ici était simple. Le Commandant Marvin, qui se trouvait être l’un des trois directeurs adjoints, avait besoin de se rassurer quant au sort de sa fille scolarisée à Poudlard. Quoi de plus naturel que d’envoyer sa subalterne jeter un œil et récupérer les rapports des agents, les hiboux étant devenus une voie de communication peu sûre entre Poudlard et le ministère de la magie.

Minerva MacDonnagal était la nouvelle directrice de Poudlard et on pouvait dire que malgré les difficultés elle était la digne héritière de Dumbledore et se démenait corps et âme pour maintenir l’établissement à flots. Je me demandais qui elle avait pu choisir pour s’occuper des maisons Gryffondor et de Serpentard. Assurément des gens de confiance. Du moins l’espérais-je.
Mes pas me menèrent devant la porte de la salle commune de Serpentard. Les mots que m’avaient murmuré le Choipaux me revinrent en mémoire : « Intéressant vraiment. Tu as la réflexion et la sagesse indispensables à Serdaigle mais je décèle en toi une soif d’apprendre et une grande intelligence qui conviendrait mieux à Serpentard. Hum… SERPENTARD ! »
Je m’étais souvent demandée ce que je serais devenu ma vie si le chapeau magique avait crié l’autre nom au lieu de celui de Serpentard. Comment imaginer qu’un simple mot pouvait radicalement vous changer une vie ?
Je me secouais un peu. Ce n’était pas le moment pour les rêveries naïves. Sawyer. Il me fallait trouver Sawyer. Voyons, où se trouvait la salle des professeurs déjà ?

Sawyer referma la porte derrière lui, et resta quelque instant, stoïque et silencieux. Un frisson lui parcoura l’échine et quelques images brouillées lui passèrent devant les yeux, qu’il ferma avec vigueur, comme pour échapper à ces visions qui le hantait. Il entendit alors une voix qu’il reconnaissait, et s’échappa de cet espace immatériel pour rejoindre la terre ferme du réel. Il descendit les marches, pour voir Samaëlle parler avec une élève. Sans leur prêter attention, il tourna vers le couloir de gauche, pour retrouver ces lieux magiques de son enfance. Les murs étaient les même, et il lui semblait même, quoi que sa mémoire pouvait aisément lui jouer des tours, reconnaître une armure ou un signe distinctif.

Retrouvant peu à peu ses repères perdus, il finit par atterrir devant la salle des professeurs, qu’il ouvrit pour y trouver une vaste pièce, parsemée de sièges confortables, d’une grande table en bois entouré de chaise, et d’une vieille cheminée qui conservait encore de grosses braises incandescente alimentant un feu vacillant. Posant sa valise sur la table, il s’étira, avant de lâcher un soupir et d’aller s’asseoir dans un siège près de la cheminé. Il entendit la porte s’ouvrir, et pencha la tête pour apercevoir une vieille connaissance. Il ricana doucement, avant de s’enfoncer un peu plus dans son fauteuil et d’observer sans ciller les flammes dansantes du feu qui subsistait.
- Vous êtes partout, monsieur Sawyer. Lui dit elle dans son dos, si bien qu’il ne pouvait la situer qu’au son de sa voix.
- Asseyez-vous donc près de moi comtesse, dit-il en lui désignant un autre fauteuil non loin. On est tellement mieux confortablement assis.

Il augmenta l’intensité du feu à l’aide sa baguette, et Joanne vint s’asseoir à la place indiquée. Elle laissa planer un court silence, avant de prendre à nouveau la parole.
- On dirait que c'est naturel chez vous de vous trouvez là où vous ne devriez pas être. La dernière fois que l'on s'est vu vous étiez dans une fâcheuse situation. Et vous vous êtes éclipsé bien vite après notre petit.... incident.
- C’est mon métier d’être là où l’on ne m’attend pas, hin hin hin. Il ne décrochait pas son regard du feu, et ses pupilles affichaient une belle couleur orangée. Bien vite dites vous ? Je vous ai veillé pendant votre coma, et j’ai même parlé à votre supérieur, qui au passage ne me plait pas du tout. Quelle ingratitude ! dit-il en simulant l’indignation.
- Je n'étais pas au courant. Cependant il aurait été plus poli d'attendre que je sois réveillée, j'aurais pu prendre votre déposition pour l'affaire Bones en plus de ce que vous nous avez fourni pour les SangDr... enfin les hommes aux yeux rouges. Mais je crois que je vous dois quand même des remerciements : sans vous je pense que j'y serais passée. Elle haussa un sourcil. Ce qui me pousse à m'interroger sur vos véritables motivations à vous... et de votre équipe.

Sawyer quitta le feu du regard pour le reporter sur Joanne, lorsqu’elle nomma à moitié ceux qui furent deux semaines plus tôt leurs adversaires. Il y avait quelque chose à gratter de ce coté là, et il le nota quelque part au fin fond de son esprit. Ce n’est qu’à la dernière phrase, qu’il reporta son regard sur le feu, de plus en plus à l’aise, souriant à en montrer le bout de ses dents.
- Nullement question de politesse, mais la durée de votre sommeil aurait découragé les plus entêtés. Cependant, il remonta ses manches et ouvrit le col de sa chemise, lorsque vous me parlez de mes « véritables » motivations, vous faites référence à la vaillance dont j’ai fait preuve pour vous secourir ? Y’a-t-il donc un mal à aider une belle jeune femme comme vous ? Ze-ha-ha ! Par contre, il haussa les deux sourcils, dans un rendu de profonde incompréhension, de quelle équipe me parlez vous ?
- Vous êtes seul alors. Intéressant. Vous êtes quatre ou cinq à être arrivés à quelques heures d'intervalle mais vous pourriez m'affirmer que vous ne les connaissiez pas avant ? Quelle coïncidence vraiment !
- Merlin comtesse, mais c’est un interrogatoire que vous me faites là ! Il se mit à rire, en regardant avec malice la jeune femme. Des gens que j’ai rencontré jusqu’ici, je ne connaissais que Morgan Duprès un petit concurrent d’un journal rival, et le nouveau professeur de botanique que j’ai entrevu m’est inconnu. D’autres questions inspecteurs ?
- Duprès ? Le Morgan Duprès du Sorcier Scandaleux ?
- Lui même. Un ami à vous ? dit-il en la raillant doucement.
- Pas vraiment, non. Cet entretien a été très fructueux. Elle se releva. Bonne chance professeur ? journaliste ? ou que sais-je encore ?
- Au plaisir comtesse. Il se leva à son tour. Merci, mais pour vous je resterai à jamais ce jeune serpentard avide d’aventure. Il éteignit le feu d’un mouvement de sa baguette. Prenez garde, les nuits sont dangereuses, même à Poudlard, dit-il sur un ton plus solennel.
- Surtout à Poudlard, non ?
- Peut-être, ze-ah-ha ! Il prit sa valise et se dirigea vers les appartements professoraux. Il se fait tard, j’ai cour demain, hin hin. Bonne nuit comtesse.

Il ouvrit la porte qui donnait sur la partie réservée au professeurs de Poudlard, et la referma derrière. Il ricana à nouveau, comme amusé par le tournant que prenait la situation. Se passant la main dans les cheveux, il partit chercher son appartement.
- Danse danse petit loup, car au lever du jour, les chasseurs viendront tout prendre parmi les tiens. Danse danse petit loup…

Bon.

Deuxième étage, aile gauche, en face du tableau d'Abigaïl l'empoisonneuse.

Okay.

Ces informations, consciencieusement précises, devaient sans doute être absolument claires pour quiconque habitait cette infâme baraque. Peut-être que n'importe quel élève de l'école aurait immédiatement put rejoindre ce secteur du château, en quelques minutes à peine. Peut-être qu'il aurait suffit d'évoquer simplement le bureau de Rusard pour que n'importe quel gosse de dix ans puisse si rendre les yeux fermés. Certes.

Ce n'était cependant pas le cas de Morgan. Le français, qui avait fait ses études dans une académie tout a fait civilisée, avait bien du mal à comprendre la logique spatiale de Poudlard, si logique il y avait. Des couloirs qui partaient dans tous les sens, des escaliers qui sautaient un - voire une demi-douzaine - d'étages, et des salles en veux-tu en voilà, la plupart complètement désaffectées. Bien entendu, tout cela dans le plus pur style anglo-saxon, avec des tableaux partout, des armures branlantes, et une odeur de moisis assez persistante.

Bon. Il exagérait peut-être un peu. Le journaliste avait été absolument impressionné lorsque il avait put distinguer les tours de Poudlard qui s'élançaient vers le ciel, au travers de la vitre du train. Très impressionné également par le style vaguement goth et très pittoresque du château, et par l'atmosphère alourdie de magie qui semblait omniprésente. Il n'avait jamais mis les pieds dans la célèbre école anglaise jusqu'à ce jour, mais comme tout un chacun en Europe, il en connaissait les principales caractéristiques. Ses défenses exceptionnelles, ses quatre maisons, ses fantômes... En journaliste consciencieux, il s'était bien évidemment renseigné, et pouvait à présent prétendre comprendre la plupart des habitudes étranges des habitants du château, et la façon dont tout ce petit monde fonctionnait ; le système des points, celui des préfets, etc.

Mais ces connaissances ne lui étaient cependant d'aucun secours dans l'instant présent. Morgan n'avait réussis à trouver nul part de carte précise de l'établissement : la vieille chouette, McGonagall, lui avait jeté un regard surpris et quelque peu condescendant lorsqu'il lui en avait aimablement demandé une, agacé par le trajet hall-bureau directorial. Celui-ci n'avait en effet pas été de tout repos, et l'anglais avait rapidement compris qu'il ne pourrait pas longtemps se contenter de suivre Samaëlle – comme ça qu’elle s’appelait, la fille rose, nop ? - à coup de sortilèges traceurs.

Aussi, à présent que le fringuant jeune homme avait prit le parti d'interrompre ses recherches, deux interrogations le taraudaient. La première concernait sa folie d'accepter un post de pion, ou disons le carrément, d'assistant-concierge pour les beaux yeux de Fol Oeil. Le regard emplis de pitié qu'il avait cru discerner chez ses aimables collègues - du moins les demoiselles, Sawyer semblant trouver ça très drôle - l'avait convaincus que travailler avec le Rusard ne serait pas de tout repos. Morgan s’attendait donc au pire, malgré sa confiance en ses capacités à se montrer toujours plus désagréable qu'autrui.

La deuxième interrogation, autrement plus cruciale, portait sur l'endroit où le jeune homme se trouvait en ce moment même. N'en n'ayant qu'une vague idée, il avait peu de chance de trouver ce fameux bureau, où l'attendait son fameux supérieur. Il devait donc se contenter d'arpenter le château dans l'espoir de tomber sur le bon escalier, ou sur un être vivant susceptible de lui monter son chemin.
Un élève insomniaque donc.
Merde.

Laissant échapper un soupire de profonde exaspération, Morgan ébouriffa ses cheveux, leva les yeux au ciel et jura entre ses dents ; avant de se résoudre à sortir sa baguette et à lancer un sortilège de localisation, qui devait vraisemblablement le mener à l'être magique le plus proche. Une lueur dorée se détacha de l'extrémité de sa baguette, signe que le maléfice avait repéré un sorcier de quelconque importance, et s'envola dans le couloir. Maussade, Morgan entreprit de suivre la boule lumineuse, contraint d'admettre les faiblesses de sa boussole mentale, et à la recherche d’un éventuel poteau indicateur.

Putain de château, vraiment.

-Mon dieu! Ils ne t'ont pas épargnés! Ce doit être une mauvaise plaisanterie, ne t'inquiète pas. Mme Pomfresh arrangera ça rapidement.

Ael ouvrit de grands yeux apeurés et fixa ses mains, elles semblaient pourtant plutôt normales. Elle leva un visage catastrophée vers Sam, se demandant ce qui avait bien pu lui arriver et se résolut à prendre une décision.

-Je... je vais tenter de trouver un miroir...quelque chose!

Ael fit un vague signe de la main à son amie et partit en courant vers un escalier quelconque. Elle se souvenait parfaitement de chaque lieu du château (même dont certains qu'elle aurait du ignoré...) mais dans la panique elle allait un peu n'importe où et elle se retrouva bien sans le vouloir dans les toilettes du couloir du deuxième étage. Elle ouvrit la porte à la volée et se jeta contre un lavabo pour apercevoir son visage...

-OUF! c'était un mensonge... JE VAIS TUER CETTE MISS KEYNE! Saleté!
-Oh.... Tu es venue voir l'atrocité de mimi... tu es venue te moquer, pauvre pauvre mimi geignarde qui ère et pleure sans cesse...
-Euh non... non pas du tout. Je...
-Mais ... qui es-tu? tu viens pour martyriser mimi n'est ce pas? c'est cela hein?
-Non non, d'ailleurs je dois y aller, hein?! A la prochaine...
-C'est ça! Abandonnez la pauvre mimi! Geignarde n'a pas toute sa tête! ABANDONNEZ MOI....

Ael prit les jambes à son cou en se maudissant. Pourquoi donc avait-il fallu qu'elle choisisse ses toilettes là-bas? il y en avait pourtant bien suffisamment dans cette école! Si on lui avait dit que Mimi geignard serait l'une des premières personnes qu'elle reverrait elle aurait peut-être réfléchi à deux fois avant de se lancer dans cette mission...

Ses pas la menèrent seuls à travers les étages tandis que son esprit s'égarait de ci de là dans des souvenirs qu'elle croyait depuis longtemps effacés. Une certaine nostalgie mêlée de joie s'empara d'elle et la fit ralentir le pas à plusieurs endroits... Se souvenait-elle encore réellement de tous les passages secrets dont recelait ce château? Tous ceux qu'elle avait pu connaître du moins. Son cœur se serra en songeant qu'aujourd'hui elle était une étrangère entre les grands murs gris de l'école.

-Oh tiens! Du sang neuf, qui es-tu jeune demoiselle?
-Bonsoir madame. Je suis Lyse Duval, nouvelle élève de gryffondor.
-Tu as le mot de passe?
-Eh bien... c'est à dire...

Ael serra les dents, elle avait totalement oublié l'existence de ce maudit mot de passe, et sans lui il était certain que le portrait de ne la laisserait pas entrer. Quelques secondes d'un silence gêné sécoula et le tableau pivota, Ael ou plutôt Lyse haussa un sourcil surpris en découvrant un gryffondor; il était rare que les élèves sortent à cette heure.

-Ah!! Tu es la nouvelle?
-Euh... Oui. Je suis Lyse Duval.
-ENCHANTE! J'étais parti te chercher, on avait peur que tu trouves pas la salle commune, mais tu es plus douée que ce que nous avions prévu! Ah, moi c'est Reese Sayll. CHOCOGRENOUILLE.

La grosse dame pivota et les deux purent entrer dans la salle commune. Là, Lyse fut véritablement accueilli par un cœur de voix multiples dont il était absolument impossible de comprendre les paroles. Elle serra un nombre incalculable de mains, hocha de la tête au moins un million de fois , se fit serrer dans les bras trois ou quatre fois par quelques audacieux. Un des moments les plus difficiles pour elle fut quand elle dut serrer la main à Peter, le petit frère de Stonerd, comme si de rien n'était ou quand elle secoua la main pour répondre à Sally, la sœur de Douglas. Elle avait envie de leur crier qui il était mais c'était bien sûr impossible, elle connaissait trop de monde dan cette salle... il y avait tant de gens à qui elle allait devoir mentir.

-Salut, moi c'est Anne-Mary, mais tout le monde m'appelle Ary. Je voulais juste te prévenir que tous tes bagages avaient bien été montés au dortoir des filles. Tu as pu te repérer dans le lycée?
-Euh... pas vraiment, mais ça devrait aller, j'ai pas un trop mauvais sens de l'orientation.
-Crois-moi, ici il faut plus de la chance qu'un sens de l'orientation. J'ai mis plus d'un an à m'habituer aux escaliers!


Ael rit gentiment à sa remarque et se mordit légèrement la lèvre pour se retenir d'ajouter que de toute façon elle avait déjà passé sept ans de sa vie ici. Par la suite, on la conduisit près d'une table où trônaient quelques bonbons et plusieurs personnes entreprirent de l'informer de ce qu'ils jugeaient essentiel à savoir. Les plus intellos s'empressaient de lui compter la masse de devoir qu'elle allait devoir affronter (un autre problème auquel elle n'avait pas songé, mais qu'importe elle avait toujours été bonne élève après tout) alors que les plus espiègles racontaient en large et en travers toutes les mauvaises blagues qui s'étaient écoulées au long de l'année, au milieu de cette cacophonie, les sportifs lui glissaient les scores obtenus lors des précédents matchs de quidditch et les plus pratiques parlaient déjà des horaires des repas et des cours du lendemain.

-Allons allons, je ne vais jamais pouvoir retenir tout ça! C'est gentil mais. J’en ai déjà la migraine.
-C'est pas faux. ALLEZ TOUT LE MONDE, ON SE TAIT!

Le jeune homme semblait avoir une certaine cote car beaucoup firent silence et les autres ne tardèrent pas à suivre. Ael sourit intérieurement, la popularité était toujours quelque chose d'aussi important et elle devrait se dépêcher d'en acquérir; devenir amie avec ce garçon ne semblait pas inntéressant.

-Je pense que le mieux pour toi est de te reposer pour pouvoir être en forme pour ta première journée, il est déjà assez tard.
-Tu as probablement raison oui, merci???
-Matis. Matis Johnson, gardien de l'équipe de quidditch, élève de septième année. Enchanté.
-Merci Mat'.

Ael gravit les escaliers qui menaient au dortoir. Matis... Matis Johnson? Celui-là avait été transféré après son départ de poudlard, elle en était certaine jamais aucun Matis Johnson n'avait fait partie de l'équipe de quidditch. Bah, elle aurait tout le temps de lui demander, pour le moment elle voulait surtout se reposer.

Ael était partie rapidement après le canular de Samaëlle. Cette dernière aurait voulu la retenir pour lui dire que ce n'était pas vrai et mettre fin à la blague, et pourquoi pas parler un peu encore avec elle. Malheureusement la jeune fille était partie précipitamment, dans le feu de l'action, Samaëlle n'avait pu agir à sa guise.

Elle se retrouvait donc seule, encore une fois, dans ce château immense et froid. Une désagréable impression de déjà vu l'envahit, ainsi donc il avait fallu qu'elle revienne. Il lui semblait que c'était hier qu'elle déambulait dans les couloirs, son sac plein à craquer et désespérément seule. Son caractère avait surpris puis déplu, travailler autant, ce n'était pas humain. Il lui avait pourtant fallu rattraper 4 ans d'études. Sa vie presque sauvage au Brésil lui avait laissé quelques marques, comme ne pas s'asseoir sur une chaise et devant une table pour travailler. Elle se posait par-ci par-là, au gré de son humeur. C'est comme cela qu'elle travaillait le mieux, dans les couloirs, les salles désaffectées et même les salles de bains.

La jeune femme erra quelques temps sans rencontrer âme qui vive. Personne ne put donc indiquer au nouveau professeur de botanique ses quartiers. Elle interrogea un tableau représentant un cochon a deux têtes menacés par la fourche d'un paysan. Les deux personnages la fixèrent, ahuri puis lui conseillèrent de se rendre en priorité dans la salle des professeurs. Samaëlle se frappa le front. Evidemment! Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt?

Il lui fallut trente secondes pour se repérer et vingt minutes pour se rendre à l'endroit voulu. Arrivée devant la porte, elle ne prit pas la peine de frapper, elle était très fatiguée. Elle était revenue la veille de son entreprise au Brésil, avait passé la nuit à régler des problèmes de paperasses et avait à peine somnoler la journée pour enfin prendre le Poudlard Express. Résolue à dormir avant sa première journée de cours, elle étendit son manteau long par terre, près d'un mur, s'allongea et s'endormit.



Ce fut le professeur McGonagall qui la trouva la première. Le bruit qu'elle fit en entrant dans la pièce suffit à réveiller la jeune femme.

-Qu'estcequisepasse?
-Que faite-vous allongée par terre mademoiselle?!
-Ahh, vous faites trop de bruit, parlez moins fort s'il vous plait!
-Pourquoi n'êtes-vous pas dans votre chambre?
-La personne qui m'a recrutée à oublier de m'indiquer le chemin à suivre...

La directrice fit demi-tour, Samaëlle crut l'avoir froissé mais elle ouvrit une porte menant à un couloir. Ah, effectivement, elle était pas passée loin...

Elles descendirent ensemble pour prendre leur petit déjeuner dans la grande salle, se séparant au moment de prendre place à la table des professeurs. Samaëlle sentait sur elle toute l'insistance des regards intrigués. Elle avala un oeuf, but une tasse de thé et fuit la salle à grande enjambées.
Elle alla directement dans les serres, son premier cours s'adressait à une classe de troisième année, des serdaigles mêlés de serpentards. Elle n'avait aucun a priori sur aucune des deux maisons mais se doutait que le métier de professeur n'était pas aisé. Elle prépara donc plus ou moins un discours pour expliquer son arrivée et l'absence de Mme Chourave.

Dès que les élèves furent installés, elle oublia tout ce qu'elle avait préparé et se fia à son instinct. Elle se présenta rapidement et demanda de faire de même aux élèves. Leur curiosité se lisait dans leurs yeux, mais la jeune femme avait décidé de ne rien expliquer tant qu'ils ne demanderaient rien. Enfin, une élève minuscule osa prendre la parole.

-Mademoiselle?
-Oui? Quel est ton nom?
-Sybille Hocks, pourquoi madame Chourave ne nous fait-elle pas cours?
-Votre ancien professeur a été particulièrement sensible au charme d'une plante exotique. Elle m'a demandé de prendre la relève pour quelques temps seulement.

Attendant d'autres questions pendant la suite du cours, au fur et à mesure qu'ils apprendraient à se connaître, elle commença à leur parler des champignons vénéneux, de la façon de les identifier et de les cueillir. L'ancien professeur lui avait laissé des consignes générales dans le programme à aborder, lui laissant une souplesse dans les sujets, ce qui lui plût.

Ses tirades étaient passionnées, les élèves l'écoutaient sans parfois comprendre l'intégralité de ses paroles, ils l'interrompaient alors pour lui poser des questions. Au début, cela avait énervé Samaëlle, persuadée qu'ils ne faisaient ça que pour la déstabiliser. Elle avait vertement réprimandé l'élève, puis devant son air coupable avait fondu et s'était radoucie. Certains au contraire, affichait clairement leur ennui. Il y avait toujours une matière ou deux dans laquelle Samaëlle n'avait pas été enthousiasmé, mais jamais elle n'avait montré une telle impolitesse.

Elle se promit pour le cour suivant de trouver un sujet qui plairait à tous. Une plante dangereuse, en général ça attirait les jeunes, elle le savait pour l'avoir vécu. La cloche retentit enfin. La jeune enseignante consulta son emploi du temps, elle avait du temps libre. Ravie, elle partit à la reconquête de parc de Poudlard.