Mission #1 : Escorte & Filature

Sawyer écouta distraitement les paroles du vieux Maugrey. Il ne mit son esprit en marche qu’au moment où ce dernier parla de la première mission. Caché dans l’ombre, il faisait tout son possible pour bien comprendre la déroulement de leur première mission.- trouver Weasley – l’escorter jusqu’au ministère – ne pas se faire voir – éliminer tout obstacle-. C’était jouable.

Il dégaina sa baguette de son étuit et dans un petit geste souple du poignet fit apparaître son masque.
Il était à la minces étaient presque aussi noires que les siennes, et une étoile contre-balançait la lune dessinée sur le haut de sa joue gauche.
Le posant sur son visage, ce dernier s’y colla dans un petit bruit de succion. Lâchant un dernier rictus, il agita son index et son majeur à Maugrey en signe d’au revoir.
Puis, il se baissa, ouvrit le bocal et y plongea sa main afin d’en sortir une poigné de poudre d’émeraude, qu’il lâcha sur le feu.

- La Bonne Barbe de Merlin, dit il, le sourire d'un enfant devant un nouveau jouet.

Il se sentit aspiré, puis, au bout de quelques secondes d’incertitude, naviguant dans un monde qui n’était pas le sien, il atterrit dans une pièce poussiéreuse, en haut de la dite auberge. Tirant les vieux rideaux il put voir que le ciel était gris, comme d’habitude depuis deux ans, mais aussi l’hôpital de Saint-Mangouste qui se trouvait en face.

Il enleva son masque dans un bruit similaire à celui qu’il avait fait en le mettant, et descendit les marches. Un vieil homme qui lavait des verres propres ne fit même pas attention à lui, et il sortit de la vieille auberge, pour se diriger vers l’hospice. Une gigantesque queue d’attende s’étalait depuis le hall. L’hôpital semblait débordé, des hommes en blouses blanches couraient dans tout les sens.

Sawyer regarda le panneau, et s’avisa d’aller au quatrième étage. Demandant à une petit sorcière ébouriffée la chambre de monsieur Weasley, on lui indiqua celle du fond.
Il y rentra, sans complexe, jeta un coup d’œil et pu voir l’homme aux cheveux roux, ridé, les yeux fatigués, couvert de bandage et entouré de cinq potions différentes, à prendre sans doute matin, midi et soir., l’homme regardait sans cesse sa montre, comme s’il attendait quelque chose d’important.

Instinctivement, Sawyer se tourna vers les autres lits, et choisit celui occupé par un vieil homme à la barbe blanche, qui ne bronchait pas un mot et avait ce regard étrangement vague. S’approchant, il saisit un tabouret et se plaça face à lui ;

- Salut grand-père, fit il afin d’expliquer sa présence dans la salle, et de.

Les bras en croix, accoudé au bord du lit, il observait cet homme vidé de toute vie. Il n’eu pas à regarder la description de son état collé sur le coté, cette homme avait tout simplement subit l’Endoloris plus longtemps que lui, suffisamment longtemps pour aller plus loin que la folie, mais moins loin que la mort. Oui, cet homme n’était plus que vacuité désormais.

Gardant le sourire au lèvre, il continua à l’observer en silence. Il n’agirait qu’une fois Arthur Weasley sorti de la pièce avec ses deux gardes du corps. Les autres se débrouilleraient bien sans lui.

Et doucement il se mit à réciter ;

Emplissant tellement de moments et finalement tellement d’êtres,
Je regarde ce précurseur du néant depuis ma fenêtre,
L’écho du vent emporte avec lui mes pensées,
Et les restes d’une joie qui je ne sais comment étaient restés.

Ainsi se résument les existences saccagées,
Par l’absence de présence et donc l’inverse,
L’hiver pourra blanchir nos contrées,
Le vide ne craint pas les saisons qui le traverse.

Abel écouta sans broncher le discours de Maugrey. La chaîne d’argent se referma avec un bruit métallique sur son poignet ridé. Il suivit le désaxé et entra dans la cheminée.

« A la Bonne Barbe de Merlin. »

La poudre violette se précipita dans le flammes. Lentement, tout se mit à tourner autour de lui. Il survolait l’Angleterre. Il se ressouvint. C’était après la mort de sa femme. Il avait été très affaibli et n’avait pu transplanner pendant des mois.

Il arriva dans le pub crasseux. Sainte Mangouste était juste en face. Il descendit. Un vieil homme essuyait des verres. Il s’arrêta. Celui-ci ne semblait pas bien dangereux. Par mesure de précaution, il le soumit à une analyse par Légilimencie. Pas très fiable mais utile quand même. N’importe qui pouvait être un informateur du Seigneur des Ténèbres. S’il s’agissait d’un réel mangemort placé là pour surveiller la place… et bien tant pis, il aurait fait ce qu’il pouvait faire.

Il sortit. Le jeune garçon rentrait à l’intérieur du bâtiment. Parfait.

Il réfléchit. Mr Weasley serait probablement attaqué en chemin. Il repéra une boutique de vêtements moldus à l’angle de la rue. Excellent poste d’observatoire. Par habitude, il avait toujours de l’argent moldu sur lui. Il avait eut la précaution de ne pas s’habiller avec sa robe habituelle. Beûrk. Il détestait les pantalons et le costars.

S’il en avait vraiment besoin, il essaierait de se rendre invisible. Sans cape, il pouvait espérer tenir quelques minutes. Cela lui demandait beaucoup d’efforts mais ça en valait vraiment la peine.

Il avait bien sa vieille cape d’invisibilité mais au milieu d’une rue bondée, avec le vent… Elle pouvait s’arracher avec le vent…

Il entra. Le magasin était remplit de moldus hystériques. C’était une période de soldes. Il se posta devant des étagères portant d’horribles pantalons couleurs boue, tout près d’une immense baie vitrée. D’ici, il pourrait bien voir.

Il réfléchit. Ses cours de « Stratégie et Tactiques de Combat dans un Environnement Urbain » étaient fort loin. Hum… Le mieux, à faire, pour les mangemorts, pour une embuscade, était de se poster sur deux toits opposés et de faire jaillir un tir croisé d’Avadas Kedavras au milieu de la rue. Impossible d’y échapper. En plus, dans la situation présente, les hommes de main de Vous-savez-qui n’auraient pas besoin de faire usage d’un sortilège anti-transplannage.

Mais ils ne s’attendraient pas à tomber sur la FSM…

Je regardais les flammes au sein de la cheminée, le jeu de l'ocre, de l'ambre et de l'ardent me rappelant les couchers de soleil sur l'immensité de mon désert, la chaleur suffocante de mon pays, le crépitement, la joie des rues de ma ville. Je remontais plus loin dans mes souvenirs, dans mes souvenirs heureux j'entends, leur chaleur me réchauffant plus encore que le feu de l'atre.

Pourtant d'une oreille, une oreille seulement mais attentive, j'écoutais le discours de Maugrey et les réponses des autres élèves, j'analysais chaque bruit de l'endroit où je me trouvais et concentrée sans l'être vraiment je gardais cependant l'essentiel de l'information.

Alors je revins réellement parmis l'équipe dont je faisais désormais parti. Deux s'engagèrent finalement et je jetais un dernier coup d'oeil à la pièce, j'hésitais à lancer un "Je ferais de mon mieux" et me jugeais assez autonome pour m'en passer puis je partais à mon tour.

-La Bonne Barbe de Merlin.

Mon ton était résolument neutre, désormais j'étais en mission.

Je ne tarde pas à rejoindre le pub. A trop attendre je ne sais pas où sont passés les autres... c'est peut-être tant mieux si j'ignore où ils se trouvent personne ne pourra me soutirer cette information.

Je sors dans la rue... et repère finalement Abel qui a choisi un poste d'observation assez avantageux... à condition de ne pas se faire interpeler par une vendeuse. Pour ma part, je ne sais pas encore où me rendre.

Devant moi Ste Mangouste s'étire, y pénétrer me semble une idée douteuse, surtout si l'un de nous l'a déjà eu avant moi. Les magasins alentours sont tellement bondés que, si par miracle je parvenais à y entrer, je ne pourrais jamais en ressortir à temps...refaire indéfiniment les lacets de mes bottes, qui n'en ont pas me paraît également une idée assez bancale.

Soudain me vient une illumination...assez stupide en vérité mais qu'importe, j'ai bien assez vu combien c'était répandu chez les moldus. Je sors de mon sac un calepin et un stylo et me plante devant un monument de la rue tout en faisant semblant de prendre des notes, d'ici au milieu de la rue...j'ai tout de même peu de chance de rater Weasley... et si l'on me demande quoique ce soit parler arabe devrait s'avérer assez efficace pour faire fuir les curieux.

- La bonne barbe de Merlin.

Après un dernier coup d'oeil à Maugrey, Jean sentit son corps être aspiré par le haut comme s'il s'allongeait indéfiniment pour finalement arriver dans le grosse cheminée du Merlin, nauséeux.
Tout comme le transplannage, il n'apréciait que moyennement tout type de transports envoyant son corps d'un point à un autre de façon trop rapide.
Sa migraine passa vite et il retira son masque. Dehors, il aurait attiré l'attention de trop de monde. Autant s'accrocher un panneau lumineux au-dessus de la tête avec écrit : "Je suis un Auror."

Il songea soudain qu'aucun de ses coéquipiés ne connaissaient son visage. Personne ne pourrait le reconnaître ce qui comportait autant d'avantages que d'inconvénients. Il faudrait qu'il utilise la prochaine fois du polynectare et peut-être un nom d'emprun pour paraître moins distant des autres.
Oui cela ne pouvait que lui être bénéfique. Personne ne connaîtrai sa véritable identité mais ses acolytes seraient en mesure de le reconnaître.
Il sortit du Merlin et marcha quelques temps dans la rue en direction du Ministère.

Amer, il repensa que tous étaient partis dans la plus grande hâte sans se consulter mutuellement sur les différents points de position et de stratégies qu'une mission de surveillance nécessitait. On était bien loin du niveau des aurors.
Les chances de réussite de la mission paraissaient... mitigé vu la situation. Enfin il fallait espérer que les deux grades du corps de Weasly feraient leur boulot proprement et qu'il n'y aurait pas à intervenir.

Il arriva devant l'imposant bâtiment et hésita à rentrer par la porte sur le côté qui se situait dans une petite rue parallèle presque déserte. Mais finalement il y pénétra par la porte d'entrée et se retrouva soudain une galerie marchande.
Il fit un rapide tour mais ne détecta rien de suspect puis ressortit toujours par la porte principale.
Là, bien en vue, il alluma un cigarette et déplia un journal qu'il avait acheté en passant par le kiosque moldu et fit semblant de se plonger dans la lecture sur le passionnant temblement de terre qui avait rasé une maison où tous les occupants avait suivi leur maison dans leur gouffre.
L'histoire était à moitié crédible mais les forces de désinformations magique et l'Etat moldu ne pouvaient faire mieux par ces temps de crise.

Par-dessus le journal il lança un regard circulaire à la foule. Il serait difficile pour les éventuels mangemorts d'opérer sans trop attiré l'attention. Mais après réflexion il se rendit compte que les partisans du Seigneur des Ténèbres n'hésiteraient pas à rajouter quelques moldus à leur tableau de chasse.
Il ne vit aucun de ses camardes. Soit ils étaient bien cachés, soit le manque évident de stratégie les avait dispercés et ils ne pourraient nullement agir de façon complémentaire.

Il poussa un soupir. On ferait avec. Il n'interviendrait qu'en cas de dernier recours. La vie de Weasly lui importait trop peu pour mettre en péril sa couverture dès sa première mission.
Non, il ne pouvait vraiment pas se le permettre...

Samaëlle était la dernière dans la salle. Elle n'avait quasiment jamais utilisé de poudre de cheminette, non pas que ça l'effrayait, mais le transplannage lui seyait beaucoup plus. Le fait de rentrer dans du feu -du feu!- était un acte qu'elle jugeait plutôt dangereux.
Bien sur il ne gardait pas sa chaleur, bien sur il y avait peu de risques de tomber dans un autre endroit que celui prévu mais Samaëlle craignait surtout les réactions de son propre corps.
Qui sait quels cauchemars elle pourrait faire, quelle noirceur elle pourrait apercevoir ?

Depuis « l’accident » de ses parents, les flammes étaient le déclencheur d’une suite d’images incontrôlées et bien souvent triste. Son passé, son avenir ? Elle ne voulait pas y penser.
Maugrey la fixait, elle sentait son regard dans son dos.
Lui faire défaut à la première occasion ? Cela la ferait beaucoup plus souffrir qu’une myriade de mauvais présages. Peut-être était-ce un test de sa part ? Elle n’était pas rentrée dans le détail mais n’avait pas pu lui cacher sa difficulté à affronter des flammes. Voulait-il, dès la première mission, l’obliger à affronter ses peurs ? Une simple flammèche l'effrayait plus qu'une dizaine de missions de ce genre réunis.

Elle n’osait pas se retourner. La rage l’aveugla, d’un geste elle s’essuya les yeux, fit un pas, puis deux et enfin se baissa pour prendre possession de la poudre verte.
Le feu dans l’âtre avait considérablement diminué après le passages de ses coéquipiers, le visage de Samaëlle n’était pas entièrement éclairé.
Elle prit une grande respiration, lança la poudre de cheminette et déclara d’une voix teinté d’appréhension :

-La bonne barbe de Merlin.

Elle hésita encore une fois, puis fit un pas dans le feu. Elle le sentait qui la léchait, une douce tiédeur l’envahit en même temps que ses yeux se fermaient. Au début, tout se passa normalement, la sensation de se sentir happé n’était pas agréable mais le transplannage, qu’elle pratiquait souvent, offrait des sensations quasi similaires.

Vers la fin du trajet, qui était très court, elle commença à se sentir mal. Elle connaissait ce sentiment de se sentir oppressé dans son corps, comme si son esprit ne logeait plus dedans. Elle se griffa les bras, autant pour tromper son malaise que pour se séparer de sa peau trop étroite.

Lorsqu’elle commença à saigner, son sentiment s’estompa, elle tomba à genoux dans le pub, se prit la tête entre les mains et vit défiler sous ses paupières une suite d’images non coordonnées, se suivant à une vitesse folle et que son cerveau ne pouvait analyser.
Parfois, le débit ralentissait et les images devenaient un peu moins flou. Cela ne durait en général qu’une trentaine de secondes.

Ce temps passé, il fallait à Samaëlle environ une ou deux minutes pour récupérer. Elle lança deux sorts de « revigor » sur ses bras avant d’y passer une fine couche d’essence de murlap, qui apaisait sa douleur mais n’effaçait pas les nombreuses cicatrices que cette mutilation causait. Elle rangea le flacon dans sa chaussette. C’était la seule potion qu’elle gardait en permanence sur elle. Cela faisait pourtant longtemps maintenant qu’elle n’avait pas eu le courage d’affronter un feu de si près et donc d’en subir les conséquences.

La jeune femme s’épousseta et se dépêcha de descendre. Elle était soulagée qu’aucun de ses collègues ne la voient dans cet état mais confuse qu’aucune concertation n’ait eu lieu. C’était une méthode de travail comme une autre, pensait-elle, et il faudrait s’y faire.

Etrangement, le pub lui donnait la sensation qu'elle le connaissait déjà. Cette petite table là, avec ses ronds tachés, le bar à moitié propre... Huassant les épaules, elle sortit et fut éblouie par la clarté du jour.
Sainte Mangouste se trouvait très près de l’endroit où elle était. Samaëlle hésita à y entrer, il aurait été facile de s’intégrer à la file d’attente mais moins de s’en écarter pour suivre Weasley, ce qui aurait encore plus attiré l’attention.

Elle entra tout de même dans le hall très agité de l’hôpital magique. Elle frissonna, se rappelant un soir de Saint Jean… Elle secoua légèrement la tête, il fallait oublié le passé, son avenir était maintenant gravé dans la chaîne qu’elle avait autour du cou. N°7. Rien d’autre ne devait plus rentrer en compte.

Elle aborda une infirmière débordé, lui demandant une information quelconque puis sortit. La foule de moldu ne dépaississait pas, ce détail apportait des hypothèses dramatique plus que probable. Combien de gens allaient-ils tuer avant ou après de réaliser leur mission ? Les mangemorts savaient s’ils le voulaient, tuer sans grabuge, proprement et surtout invisible pour les Forces Spéciales Magique.

Samaëlle repéra Alys apparemment très concentré devant un monument. Elle passa devant un homme avec un journal et se demanda si elle ne devrait pas faire pareil. Elle sourit, c’était vraiment un cliché, la filature avec un journal et une boisson à la main.

Un café était en diagonale de Ste Mangouste, Samaëlle, en désespoir de cause, s’y installa et commanda une limonade. Elle distinguait mal l’entrée mais couvrait une partie de l’itinéraire que devait emprunter Weasley et ses gardes du corps.

Deux hommes rentrèrent sans frapper. L’un était vieux, aux cheveux et à la barbe blanche, un air à la fois assuré et orgueilleux sur le regard, le genre d’homme vivant pour son travail. Habillé d’une longue robe noire et d’une écharpe blanche, il était suivit d’un garçon plus jeune, revêtu d’une veste marron en cuir, certainement de dragon, et d’un pantalon de même acabit. Une baguette à la main, ils scrutèrent la pièce, Sawyer sentit une intrusion légilimente, il lui fit voir un faux souvenir, expliquant sa présence près du vieil homme, gardant ainsi sa couverture.

Satisfait, le vieux s’approcha du lit de Weasley ;

- Salut Arthur, j’espère que tu es en état pour notre petite virée.
- Salut Ernie, comme tu peux le voir, je pète la forme, dit il en riant, avant de reprendre un air douloureux en se massant le ventre. Enfin, presque…
- Alvin, vient donc m’aider à le soulever, le plus jeune des deux s’avança à gauche du lit de Weasley, le prenant par un bras. Après quelques efforts, il se tenait debout, satisfait, l’auror s’avança vers la porte. Le petit va t’aider à marcher jusqu’à la sortie, je sécurise au cas où le devant. Dehors, il te faudra marcher tout seul si ils attaquent.

Le blessé acquiesça pour montrer qu’il avait comprit. Marchant lentement, il semblait reprendre ses repères, comme s’il était resté couché trop longtemps. Faisant un faible sourire à Sawyer qui l’observait, il finit par atteindre la porte, aidé par le dénommé Alvin. Une fois le trio dehors, Sawyer s’appuya sur le dossier de sa chaise et se releva.

- À la prochaine, grand-père.

Il sortit, pour se retrouver dans le couloir du quatrième étage. La lente progression de Weasley lui avait permit de ne pas le perdre de vue. Au fond, près de l’ascenseur, il attendant que ce dernier arrive. S’appuyant sur le mur, Sawyer avança dans la direction inverse, afin d’atteindre les escaliers.

Il descendit au rez-de-chaussée, à l’instant même ou le trio sortit de l’ascenseur dans un petit « ding ». Le blessé semblait avoir reprit du poil de la bête, car il marchait à présent sans l’aide des aurors. D’un geste léger du poignet, Sawyer fit apparaître son masque, qu’il plaqua sur son visage dans le même bruit de succion. Son identité était partiellement cachée désormais.

Sans faire attention au gens qui le regardaient bizarrement, de toute façon les gens le regardaient toujours bizarrement, il suivit de loin le petit groupe.

Lorsque le hall, rempli d’une mer de sorcier, fut traversé, ils atterrirent en pleine rue. En face, il pouvait revoir la Bonne Barbe de Merlin. Il tourna la tête vers la gauche, et là, entre la foule, étaient apparut quatre homme habillés tout en noir, une capuche cachant leurs visages. Il levèrent ensemble leurs baguettes. Courant le plus linéairement possible, il se jeta sur Arthur Weasley, le plaquant au sol après un vol plané, pendant que des sortilèges fusèrent vers eux.

Le plus vieux des deux aurors tomba en arrière dans un râle douloureux. Le plus jeune fît un vol plané de plusieurs mètres en l’air, apparemment touché par deux sorts différents. Un maléfice vert manqua de peu Sawyer pour toucher la moldu derrière lui, et le tuer sur le coup. Mais dans le même instant, il sortilège venant de l’extérieur frappa un des quatre hommes.

- Relevez vous monsieur Weasley, je prend la relève de vos anciens gardes du corps, dit-il comme si rien n’avait eu lieu, dans un ton d'une simplicité désarmante.

Le prenant par le bras, il le souleva, sans attendre une quelconque réponse, il n’avait plus le temps. Le tirant, il se mit à courir vers la ruelle qui longeait l’hôpital. Il suffisait d’espérer que ses coéquipiers occuperaient le plus longtemps possible les Death-Eaters, en souhaitant que ceux-ci soit les seuls.

- Hin hin hin, follement palpitant, n’est il pas ? Il se tourna alors vers son protégé, pour voir que ce dernier était à l’agonie. C’est peut être un peu trop pour un éclopé, bien nous allons marcher.

Et intérieurement, il espéra que personne de mal attentionné aurait l’idée de venir les chercher dans ces sombres ruelles, même si tout ceci serait vraimant marrant.

Samaëlle se tenait prête, elle se leva lentement, déposa de la monnaie sur sa table et s'attacha les cheveux en un haut chignon serré. Elle sortit du café et d'un geste de baguette magique fit apparaître son masque. Il cachait son visage et ses cheveux. Elle aurait été trop reconnaissable autrement.

La foule n'avait pas le temps de se retourner pour l'observer avec curiosité, Samaëlle marchait vite, pressée par le temps et généralement dans le sens inverse des gens.
La panique ne parvenait pas encore aux extrémités des rues, mais les plus proches témoins du meurtre de la moldu criaient et essayaient de s'écarter le plus possible.

Ne pouvant plus attendre, la jeune femme jouait des coudes et poussait sans ménagement les personnes la gênant. Elle arriva enfin à avoir dans son champ de vision un des quatre mangemorts. Elle s'apprêtait à lui lancer un Stupefix en bon et du forme lorsque une femme un peu enrobée lui donna, sûrement involontairement, un coup de pied dans le tibia.

Plus de surprise que de douleur, Samaëlle s'agenouilla. Si elle restait dans cette position plus longtemps, elle se ferait happée par la foule. Se relevant tant bien que mal, elle eut juste le temps de voir la baguette levée d'un des hommes encapuchonnées vers Weasley avant de crier:

-STUPEFIX

L'homme s'affaissa mais il était certain que l'un de ses joyeux camarades ne tarderaient pas à le réveiller. Pour le moment en tout cas, ils regardaient tous dans sa direction, la jeune femme se sentit... légèrement menacée. Elle se retourna, prête à courir mais la foule moldue était bien trop dense. Elle transplanna donc sur un des toits, celui de Ste Mangouste.

De là haut elle découvrit avec horreur que sur l'immeuble en face était posté des renforts de mangemorts. Ils étaient trois et semblaient surpris de la tournure que prenait les évènements. Un transplanna, peut-être avait-il vu où le n°1 avait emmené Weasley?

La jeune femme déplorait le manque de communication dans l'équipe. Comment pouvait-elle faire pour prévenir les autres qu'ici se cachait un danger supplémentaire? De plus, les hommes encapuchonnées semblaient agités. Excitation face à de l'action imprévue ou bien peur de l'échec de leur mission?

Samaëlle se décida pour un sortilège de Peintenlair, qui forme des lettres ou des nombres dans l'air. Elle murmura la formule et écrivit du mieux qu'elle pu, se penchant vers la rue:

+3 D.E.

Maintenant, elle n'était plus à l'abris, il fallait qu'elle déguerpisse, et vite. Elle entra dans l'hôpital par la porte qui donnait sur le salon de thé, dernier étage, dernier service. Se précipitant vers l'escalier, elle espérait juste ne pas être poursuivie par un des mangemorts du toit.

L’agitation prenait maintenant des ampleurs de panique. Les gens tentaient de courir le plus vite et le plus loin possible du lieu de l’escarmouche. Malheureusement la foule dans sa panique suivait la masse grouillante dans l’artère principale de la rue, délaissant les ruelles annexes dans lesquels s’étaient engagés Weasly et Un.
Il serait donc plus facile de se déplacer mais en contre partie cela laisserait les deux sorciers à découvert d’une éventuelle embuscade.
Jean coupa à travers la galerie pour sortir par une porte secondaire. Il jeta le journal sur le couvercle d’une poubelle sans s’arrêter et s’enfonça dans la ruelle.
Si ses souvenirs étaient exacts, s’il continuait vers le nord, dans les méandres ruraux il finirait par déboucher sur le ministère de la Magie. Un coup d’œil en arrière lui apprit que deux silhouettes se rapprochaient. L’une claudiquait clopin clopan tandis que l’autre l’exhortait à avancer plus vite. Il tourna à l’angle d’une rue et les deux hommes disparurent.
Très bien. Il fallait qu’il ouvre la voie, il ouvrirait donc la voie. Le jeune sorcier plaça le masque sur son visage cachant son identité et continua ses repérages d’éclaireur. Il y avait au moins quatre Mangemorts dont un semblait être hors d’état de nuire. Jean espéra que les autres s’occupaient d’eux dans la rue principale.
Soudain un reflet dans une flaque lui fit lever le nez vers le ciel. Autant pour lui, la danse de la mort venait d’accélérer le rythme. Ils se retrouvaient à cinq contre plus de six ennemis.
Il jura en espérant que les renforts des Aurors ou au moins un quelconque sorcier plus courageux – ou plus fou – que les autres viendraient prêter main forte puis il s’élança dans la rue pour ouvrir le passage à Weasly. Il ajusta son masque sur la figure et sa vision se réajusta instantanément.
Il avançait en prenant soin de scruter chaque recoin qui pourrait faire office d’une cachette mais les deux hommes se tenaient toujours loin derrière lui. Visiblement le sorcier avait de plus en plus de mal à tenir debout. Jean pinça les lèvres en espérant qu’il ne faudrait pas refaire le chemin en sens inverse pour ramener dardar à St Mangouste leur protégé.
Alors qu’il pensait enfin arriver à l’un des derniers croisements avant de déboucher sur le Ministère un éclair vert passa au dessus de son épaule en effleurant sa joue avec un désagréable picotement.
Mû par des années de conditionnement il se jeta sur le côté et riposta à l’aveuglette. Il courut se mettre à l’abri derrière une poubelle d’où débordaient des ordures et des sacs bleus crevés qui se répandaient par terre et gémit quand son costume se retrouva taché par des substances plus ou moins liquide et ses chaussures couvertes d’immondices.
Il n’avait hélas guère le temps de se préoccuper de cela pour l’instant. Il se retourna légèrement et cria par-dessus son épaule : « Ils sont au moins deux, trouvez un autre passage ! »
Sans se soucier davantage de savoir si le fou et son compagnon l’avaient entendu il se concentra sur le problème le plus important à l’ordre du jour : rester en vie.
Il analysa rapidement la situation. Il était tout seul contre au moins deux personnes qui utilisaient des sorts de mort contre lui. Il ne savait pas où se trouvaient ses adversaires et l’abri relatif de la poubelle ne le protégerait pas éternellement.
Il tendit l’oreille et ouvrit grand les yeux mais ni son ni nouveau sort ne furent lancés. Apparemment les Mangemorts ne semblaient pas presser d’en finir avec lui. Il devait certainement en avoir d’autres qui patrouillaient dans les ruelles. Jean fit le vœu que le fou mène à bien sa mission sans tomber sur eux. Mais lui-même n’y croyait guère.
Résigné, il tendit sa baguette au-dessus de la poubelle et envoya un sort à l’aveuglette. Trois sorts lui répondirent de concert mais il rabattit brusquement sa main à l’abri. La poubelle trembla avec un énorme fracas quand le premier sort suivit d’un autre la percutèrent. Le troisième passa au-dessus et alla s’écraser plus loin. Une odeur de brûler et de plastique carbonisé monta bientôt aux narines du sorcier.
Il n’aimait pas ça du tout, vraiment pas.

Abel avait sauté au milieu de la cohue. Les moldus criaient, désorientés, ne comprenant rien. Il avait mis son masque et tentait de dévier les sorts qui pleuvaient sur le fou et weasley. Il connaissait un peu Arthur, le sachant fonctionnaire médiocre mais d'un coeur d'or. Il lui avait un jour rendu service et, plus tard, n'avait pas été inquiété pour une histoire de boîte aux lettres mordeuse.

Son groupe était désorganisé. Il entraperçut la tête du professionnel. Cela lui remémora un vague souvenir. Il ne s'attarda pas dessus.

Maintenant trois d'entre eux filaient à travers les rues. Mais la débandade virait à la catastrophe. D'autres mangemorts arrivaient. Il allait devoir attirer l'attention sur lui.



Abel prit son envol. Il tenait derrière lui un mannequin recouvert d'une robe et d'un chapeau sorcier. Il venait de le voler dans le magasin moldu.

Il lança quelques Incendios autour de lui. Le résultat ne se fit pas attendre. Une gerbe d'écclairs verts se rapprochaient peu à peu de lui.

Soudain l'un d'eux toucha la paille qui s'enflamma. Le balai fit quelques tonneaux puis s'écrasa sur le sol.

Son masque avait étté arraché et ils avaient vu son visage. Il en étaéit sûr.

Il décida alors de jouer ses atouts. Il sortit quelques vêtements moldus et se changea. Puis il prit une flasque et but longuement. Le goût acre du Polynectar emplissait sa gorge.



Maugrey s'empressait de sonder les blessures de son ami.

" Comment t'en es-tu sorti ?
_ Quand mon deuxième déguisement a été grillé, j'étais blessé. J'ai réussi à m'échapper encore une fois. Alors j'ai sorti la troisième gourde. Le cheveu avait été prélévé sur le corps d'un mort... "

Au premier cri de la foule je disparaissais dans une ruelle sombre et mis mon masque. Les gens courraient en tous sens tant et si bien qu'il m'était difficile de discerner le lieu du combat. Je jouais des coudes prenant garde à ne pas heurter un mangemort par mégarde.

Ils étaient deux en face de moi et je stoppais net mon avancée, c'est que je n'avais pas vraiment songé à un plan avant d'être là face à l'ennemi. La foule avançait et je restais là sur place, consciente que pour survivre il me faudrait bouger très bientôt. Puis, je crois qu'il ne se passa plus rien, je n'étais pas paniquée, je n'avais pas peur mais je ne contrôlais plus rien, je les voyais, je voyais la foule disparaître mais je ne parvenais plus à réagir. Par chance, je fus projetée à terre par un passant trop pressé de s'enfuir.

Je me réveillais enfin, tous mes sens se réveillaient d'un coup et je n'avais qu'une idée : m'échapper de cette foule qui trop occupée à fuir se moquait de me piétiner. Ma main gauche saignait mais ce n'était que superflu, un ou deux avait déjà choqué mon masque mais je réussissais à me relever. J'analysais la situation, au loin certains membres de l'équipe faisait déjà du bon travail. Je me jetais contre un mur que j'espérais être un abri pendant encore quelques secondes et jetais la première formule qui me venait à l'esprit:

"AVADA KEDAVRA"

J'avais dévié le sort au dernier moment, en devinant subitement la silhouette fragile d'un enfant face au mangemort. Je me renfonçais derrière le mur et tentais de calmer ma respiration. Qu'avait dit M Maugrey? Pas de mort, je ne devais pas tuer. Je devais retrouver mes instincts de combattante non celle de la tueuse que j'avais pu être à un moment.

J'inspirais calmement avant de m'élancer. Je courrais dans la rue, sentant les éclairs qui me frôlaient je me jetais dans la maison la plus proche. Je grimpais les escaliers, marche par marche le souffle court: je devais occuper ses deux mangemorts afin de laisser la voix libre à Weasley.

La fenêtre se révéla être un parfait poste de "tir". D'ici je visais le premier mangemort d'un stupéfix et bénéficiant de l'effet de surprise parvenais à le toucher. Je ne m'extasiais cependant pas de ma victoire sachant pertinemment que cela ne durerait pas. La riposte ne tarda pas et j'évitais de justesse ce qui devait être un expelliarmus.

Haut dans le ciel je vis finalement une marque s'inscrire, je redoutais que ce soit celle des ténèbres, que nous ayons déjà perdu notre mission, mais c'était simplement un "+ 3 D.E". La nouvelle ne me parus guère réjouissante et je priais pour que les autres se révèlent plus compétent que moi-même alors que j'ignorais toujours où se trouvait weasley.

Je transplanais sachant pertinemment qu'il ne me fallait pas rester immobile. J'atteris ainsi dans un magasin dont la vitre en miette ne me paraissait guère de bonne augure. La sueur collait mes vêtements et troublait ma vue, j'avais eu tort de songer que tout reviendrait comme un automatisme, il me faudrait m'entrainer des heures et des heures pour recouvrer un véritable niveau.

Je jetais à nouveau un sort dont j'oubliais les effets quelques centièmes de secondes seulement après avoir prononcé la formule. En reprenant place contre mon mur je n'émettais qu'une unique pensée: "Qu'Allah, s'il existe, épargne les innocents."

Lorsque Samaëlle s'autorisa un regard en arrière, ce n'était pas par manque d'endurance qu'elle perdit son souffle. Il n'y avait derrière elle qu'une infirmière et deux patients à l'air déboussolée. Que se passait-il dehors pour que les mangemorts ne prennent pas sa suite?

Elle ne pouvait s'en réjouir totalement. Elle resterait en vie un peu plus longtemps certes mais la situation devait s'envenimer dans la rue. Elle s'arrêta au détour d'un couloir, prudemment d'abord puis avec un peu plus d'assurance. Elle fit demi tour et retourna au dernier étage avant de monter sur le toit. Elle passa juste sa tête par l'embranchement de la porte.

La vue n'était pas très dégagée, elle apercevait juste un mangemort en face. Samaëlle ouvrit un peu plus en grand cette porte qui lui sauvait certainement la vie. Les deux hommes restant semblaient en grande discussion. L'un montra l'inscription dans le ciel qui commençait à s'effacer. Son compagnon transplanna. Le mangemort, à présent seul s'accouda au bord de l'immeuble pour continuer à suivre l'action.

Samaëlle referma la porte doucement et s'assit. Il fallait qu'elle reprenne ses esprits. Qu'est-ce qui se passait exactement? Ils ne comptaient apparemment pas intervenir. Cette situation évoquait à la jeune femme celle de maîtres testant les capacités de leurs élèves sur le terrain.

Jamais un maître n'interfère dans l'apprentissage par prise de risque de son élève sauf s'il est en danger de mort. Excepté que dans le cas des mangemorts, leur cruauté pouvait pousser à laisser tomber leurs disciples.

Elle ne savait plus que faire. Aller en face, tenter de découvrir qui supervisait l'action et risquer de mourir prématurément ou bien aider ses nouveaux collègues? La décision fut vite prise. L'ascenseur aussi. Le hall était toujours en pleine activité. Samaëlle sortit par une porte de service.

Elle comprit rapidement que l'action ne se situait plus dans la rue, ou tout du moins, plus en grande partie. Les moldus seraient épargnés mais la mission semblait contrariée. Il fallait absolument retrouver les autres et les aider.

Samaëlle ne savait pas par où commencer. La place était vaste, les ruelles nombreuses. Même en prenant de l'altitude par quelques moyens que ce soit, elle avait peu de chance de les retrouver. Elle se rendit au lieu du premier échange de sort. Le mangemort qu'elle avait stupéfixié n'était plus allongé par terre.

"Genial..."

Ca y est, elle se souvenait. Le numéro un était passé près de Ste Mangouste. Elle s'engouffra dans la ruelle, baguette en main.

Il fallait bouger et vite, sinon Jean se retrouverait comme le petit tas fumant à côté de lui. Saisissant le pendentif en forme de croix accrochée au bracelet de son poignet, il pointa le bout de celui-ci vers le haut, récita une formule et une boule de lumière rouge en jaillit. Plusieurs sorts volèrent à la suite de la boule venant des deux côtés. Sans perdre plus de temps il fonça droit vers le coin de la rue la plus proche pour mettre un mur entre lui et ses assaillants.
Sa stratégie eut effet car un seul sort le visa directement mais s’écrasa à moins d’un mètre de lui en laissant un cratère fumant large de dix centimètres de diamètre. De la même façon il espérait avoir signifier à ses équipiers où il se trouvait et qu’il avait des problèmes.
Il ne devait pas rester planté là. D’après le nombre et la fréquence de sorts qu’il venait de voir surgir, il y avait bien deux mangemorts dont chacun l’un se trouvait dans le bâtiment derrière lequel il se trouvait et l’autre juste en face dans la formation du sandwich.
Bien. S’il les prenait à un contre un il pourrait y arriver relativement facilement. C’était loupé pour l’effet de surprise mais il avait l’avantage de savoir où se trouvaient ses deux ennemis. Troisième étage, quatrième fenêtre en partant de la droite et quatrième étage, quatrième fenêtre également par la droite.
Il fonça vers la porte arrière du bâtiment, son pendentif en croix toujours à la main en le brandissant comme s’il s’agissait d’un poignard – d’ailleurs le bout était affûté comme celui d’un pieu. Il pouvait s’en servir aussi bien pour se défendre que pour utiliser sa magie. C’était la baguette traditionnelle de sa famille qui longtemps avait servi la royauté de France avant d’être exilé.
Puis il monta les marches du vieil immeuble quatre à quatre jusqu’au troisième. Là, il ralentit le pas et tendit l’oreille. Aucun bruit. Il s’avança lentement et déboucha dans le couloir qui devait donner sur la chambre où devait se trouver le mangemort. Il n’y avait pas âme qui vive. A pas de loup, il se rapprocha de la porte et se plaqua contre le mur et attendit en retenant sa respiration.
Toujours aucun bruit ne provenait de la pièce. Ni de nulle part d’ailleurs. Le bâtiment devait être abandonné depuis belle lurette au vu de l’état de délabrement des lieux. Parfait. Ainsi aucun moldu ne viendrait le gêner dans sa progression.
Tout doucement, il se plaça devant la porte et l’ouvrit en faisant le moins de bruit possible, les muscles tendus sous sa chemise, prêt à bondir sur le côté si un sort venait à être lancé contre lui. Il n’eut rien non plus. Il entra prudemment dans la petite pièce. C’était une simple chambre qui ne contenait qu’une pièce. Il vérifia les toilettes et les placards mais aucun mangemort ne s’y cachait.
Il commença à douter. Soit il s’était trompé de pièce soit…
Il sentit le bout d’une baguette s’appuyer durement contre son dos. Il leva lentement les bras en lâchant son pendentif et se retourna lentement pour faire face à la silhouette qui pointait sa baguette juste sous son nez.
… soit il venait de se faire avoir comme un bleu.
- Vous êtes quoi, vous et vos copains ? Des aurors qui se pissent dessus devant nous et qui se cachent la figure pour qu’on ne voie pas la peur déformer leur visage juste avant que leur bouche ne rende son dernier souffle ?
Jean tenta de calmer ses tremblements. Il aurait volontiers essuyé la sueur qui lui coulait sur le front jusque devant les yeux mais ce n’était pas vraiment le moment adéquate pour cela. Calmant sa respiration il répondit sans faire trembler sa voix :
- Peut-être qu’on a voulu imiter l’idée de certains… Mais je pense que nous avons plus de goûts en ce qui concerne nos masques. Moi, les têtes de mort, c’est pas trop mon truc.
Le mangemort – qui devait être une femme au timbre de sa voix - poussa un grognement intelligible et malgré sa petite taille, empoigna le sorcier par le col pour le mettre à sa hauteur et enfonça sa baguette contre son ventre.
- Ne fais pas le malin avec moi.
Sous son masque, Jean esquissa une grimace. Mauvais plan. Très mauvais plan. Alors que son cerveau tournait à plein régime pour trouver une solution à son problème une voix retentit derrière lui :

- Ca y est, tu l’as eu ?
- Ouais c’est bon.
Le mangemort de l’autre bâtiment venait de s’assurer que sa coéquipière avait bien reçu à neutraliser l’intrus. Visiblement de là où il se trouvait, il ne pouvait pas les voir. Jean n’aurait pas à se soucier pendant un moment de cet ennemi si celle qui le menaçait toujours lui laissait une quelconque ouverture.
La femme mangemort revint à son prisonnier en enfonçant un peu plus sa baguette dans le ventre de Jean.
- Alors ? Vous êtes qui ?
- Hum… Je fais parti du Magenmagot et…
- Je vous ai dis d’arrêter de vous payer ma tête !
Jean haussa les épaules et la femme lui décocha un coup de poing dans la mâchoire. Déséquilibré, le sorcier faillit tomber en arrière mais elle le retint par le col et posa sa baguette contre sa gorge.
- Encore une mauvaise réponse et je te jure que tu vas regretter d’être né. Un petit endoloris te feras peut-être devenir plus compréhensif…
- Vous feriez mieux de ne pas faire ça…
Sous son masque à tête de mort, Jean sentit que la femme affichait un sourire jusqu’aux oreilles.
- Oh oh oh ! Et pourquoi ça mon garçon ?
- Parce que…
- Oui ?
- Bein ça fait mal…

De vilaines taches de sang parsemaient la ruelle. Le bras de Weasley sur son épaule, Sawyer l’aidait à marcher, même si toute fois la progression restait inlassablement lente. Serrant sa baguette, il repassait dans sa tête les brefs moment dont il avait été le spectateur. Quatre mangemorts s’étaient dispersés dans la rue, plus deux qui s’étaient attaqués au numéro 5. On pouvait raisonnablement penser qu’un superviseur les guidait tous.

Etait ce lui que l’on pouvait apercevoir au loin ? Il ne semblait pas pressé, mais le pas resté vif, et sous la capuche, l’on pouvait distinguer une mâchoire puissante, une lèvre inférieure épaisse, traversé d’une épaisse cicatrice.

Le battement du cœur anormalement bas pour la situation plutôt critique, Sawyer s’arrêta, afin de faire face à l’homme en noir.

- Je crains bien qu’il va vous falloir continuer seul monsieur Weasley.

Il s’avança, comme un danseur suit les pas de son ballet, les bras tendus vers le bas et le visage baissé. Puis relevant la tête, ses deux yeux brillèrent sous l’excitation. Et toujours, oui toujours ce même grand sourire sur son visage, si inquiétant tellement il faisait anachronisme à la situation.

Sawyer leva lentement son bras, laissant tomber sa tête sur son épaule, une bruit semblable à une détonation semblait correspondre à l’éclair rougeoyant qu’il venait de lancer. Sous le choc, son bras s’éleva quelque instant en l’air, avant de retomber lourdement sur le coté.

L’homme fit rapidement un pas de coté, avant de contre attaquer en projetant un sort gris. Se cabrant en arrière, il put le voir passer devant ses yeux et s’écraser sur le mur, à deux mètres où se trouvait Weasley.

Hin hin hin…

Ce rire fait peur, oui ce rire effraie. Il rend perplexe le mangemort, serait il tombé dans un piège pour que son adversaire affiche ce grand sourire ? Il regarde le ciel, espérant y déceler un quelconque indice expliquant l’attitude de l’homme masqué.
Une occasion rêvée. Le sort jaillit, orange et vif le mangemort a à peine le temps d’esquiver, mais trop tard, il a touché son épaule droite.

Il se prépare à contre attaquer, quant il se rend compte que son mouvement est très lent, trop lent, comme si le temps prenait un malin plaisir à avancer le plus lentement possible pour toute la partie droite du haut de son corps.
Il se sait de sa baguette avec sa main gauche, mais il n’est pas vraiment ambidextre et le pauvre sort qu’il lance est deux fois trop haut.

- Qui es tu, articule-t-il lentement.
- Je suis celui qui est, pauvre imbécile, hin hin…

Un éclaire rouge et l’homme tombe en arrière, stupéfixié. Un second sort, anti-transplannage, « au cas où », et Sawyer se retourne. Weasley semble vraiment mal en point, s’appuyant contre le mur, il avance à tâtons. Reprenant leur position précédente, il se fait aider par son sauveur inopiné qui arrive en zigzaguant.

Mais déjà deux autres ombres menaçantes marche sur leurs pas.

- Courons, ha ha ! Je crois que cela ne fait que commencer.

Le bruit des passants agités était étouffé dans les ruelles adjacentes, Samaëlle se retourna, d'abord très étonnée. Elle se remit en marche, l'atmosphère ne lui plaisait guère. Elle sursauta lorsque un chat renversa une poubelle. Il fallait qu'elle se maîtrise. Serrant sa baguette un peu plus fort encore, elle continua d'avancer lentement.

Il n'y avait qu'un derrière de restaurant et plus loin des immeubles apparemment insalubres. C'est vers eux qu'elle se dirigea, c'était ça ou faire demi-tour. Toujours ce silence incomplet, cette tension palpable. La peur commençait à s'insinuer dans son ventre. Elle préférait affronter un mangemort plutôt que l'inconnu. De la sueur perlait à son front, son masque lui donnait vraiment chaud.

Des voix lui firent lever la tête, on parlait à l'étage de l'immeuble de gauche. Elle n'y prit d'abord pas garde, peu lui importait une dispute de couple. Lorsque l'endoloris fut introduit dans la conversation, la jeune femme tiqua. Depuis quand les femmes menaçaient-elles leurs maris d'une torture plutôt qu'un fer à repasser dans la tête?
La réponse de l'homme la consterna. "Ca fait mal?" Ridicule. Amusant mais ridicule.

Elle était sûre maintenant qu'une mangemort se trouvait dans l'immeuble et que quelqu'un se trouvait en mauvaise posture. La porte était ouverte, elle commença à gravir lentement les escaliers. Le début était en pierre mais la suite en bois. Samaëlle s'arrêta au premier, fouilla, ne trouva rien, continua sont ascension. Pareil pour le deuxième étage. Les portes étaient toutes closes et les voix semblaient étouffées. Ca n'était pas ici.

L'incident disons dramatique se présenta dans l'escalier partant du deuxième pour aller au troisième. Une marche vermoulue céda sous son poids, sa jambe s'enfonça jusqu'à la cuisse. De surprise puis de douleur elle hurla. Elle hurla et se tût. Oups. S'il y avait un mangemort dans ce bâtiment, il était certain qu'il l'avait entendu et ne tarderait pas à venir voir celui ou celle qui imitait si bien le cochon égorgé.

Au troisième étage, une voix sorti de la chambre.

-Va voir ce qui se passe, ne tarde pas, reviens me dire ce qu'il en est.

Un homme masqué et encapuchonné hocha la tête mais personne ne le vit. Il se tourna sur lui-même, s'engagea dans le couloir pour prendre l'escalier. En marchant, il pestait.

-J'ai jamais les rôles marrant de toute façon...

Samaëlle leva la tête avec appréhension. La voix qu'elle venait d'entendre ne présageait rien de bon, elle tendit de nouveau la main vers sa baguette, hors de portée mais pourtant à quelques centimètres de ses doigts. Elle se remit d'aplomb et sans paniquer essaya de se sortir de ce trou à rat. Plaçant ses mains autour de sa jambe, elle poussa vers le ciel. Elle ne récupéra en tout et pour tout qu'une cinquantaine de millimètres de sa chair. Elle sentait les échardes de bois pénétrer à travers son jean pourtant solide. Du sang coulait jusque dans sa chaussette, causant de désagréable chatouillis.

Lorsque le mangemort lui fit face, la première chose qu'elle remarqua fut son sourire surpris puis carnassier. Elle était et le savait, une proie facile. Une dernière et vaine tentative pour prendre en main sa baguette. Elle tapa rageusement du poing contre le sol. Elle s'était fait avoir comme une bleue. Il fallait qu'elle se sorte de ce pétrin.

-Euh... salut.

-Charmante visite... Je crois que finalement je vais aussi pouvoir m'amuser!

-Ce n'est pas que la comparaison à un amuse-gueule ne me déplaise mais si je vous demande gentiment, vous me laissez tranquille et partez?

Il éclata de rire.

-Au moins j'aurais essayé...

Il brandit soudain sa baguette vers elle puis sembla se raviser. Se grattant le menton, il semblait choisir le sort le plus approprié. Il s'arrêta, il avait trouvé.

-Tu salueras les enfers pour moi. Endoloris!

Le corps de Samaëlle fut soudainement secoué de spasmes, elle cria sa douleur mais ne le supplia pas d'arrêter. Sa vue se brouillait, elle ne voyait plus rien. Puis soudain, elle rouvrit les yeux. Elle avait senti une douleur différente de celle apportée par le sort d'endoloris. Le bois autour de sa jambe se détachait petit à petit sous ses congestions répétées.
Il arrêta le sort, se délectant du pouvoir qu'il avait sur elle.

-Alors?

Dans un geste vif, la jeune femme souleva son corps, attrapa sa baguette et lança un sort de réduction sur le mangemort. Une de ses jambes rétrecissait à vue d 'oeil mais passé le moment d'étonnement, il lui en faudrait plus pour le neutraliser. La jambe restante du mangemort ne suffisait plus pour soutenir son corps, il s'effondra.

-L'enfer a bien reçu vos salutations messire, mais étant déçu de ne pas les recevoir de vive voix, ils viennent vous les réclamer!

Samaëlle lança un sortilège Expelliarmus, désarmant son adversaire avant de le stupefixier. Epuisée par l'endoloris et la douleur à sa jambe, elle tomba dos au sol, les bras en croix, les deux baguettes dans la main gauche. Sa poitrine se levait à un rythme régulier, ses yeux se fermèrent, elle s'évanouit.

La femme mangemort appuya un peu plus sa baguette sur son ventre et Jean sentit ses muscles se crisper.
- Assez de blague j’ai dit. Si tu ne veux pas souffrir tu vas me révéler tout ce que tu sais.
« Kkk… Tu n’as pas dis pour qui ça ferait le plus mal. »
Un bruit se produisit soudain ce qui coupa net la mangemort dans son rire sarcastique. Soudain inquiète elle cria à son compagnon d’aller voir ce qu’il se passait. Celui-ci transplanna dans la chambre et sortit aussitôt par la porte laissant le sorcier aux prises avec sa tortionnaire.
- Se sont mes compagnons qui arrivent. Dommage pour vous, mais la partie est over.
La femme ricana méchamment. Elle faisait semblant de rien laisser paraître mais elle était désormais presque aussi tendue que son prisonnier.
- De toute façon je t’aurais liquidé bien avant qu’ils ne passent Amycus.
Jean haussa encore les épaules – il allait finir pas en prendre l’habitude – et répondu en usant de tous ses talents pour le mensonge et la persuasion qu’il avait acquis au cours de sa formation et de ses récentes expériences politiques :
- Ma foi, je ne suis qu’un pion facilement remplaçable. Mais si vous me tuez mes compagnons risquent de l’avoir mauvaise. Je ne donnerai pas cher de votre peau si vous faisiez cette erreur.
Quelque chose dans l’attitude de la femme changea. Parfait. Apparemment l’idée de se faire éliminer comme de la vermine la révulsait au plus au point – enfin au moins autant que le jeune sorcier lui-même.
Quelques instants qui semblèrent durer une éternité passèrent dans le silence complet où la tension était presque palpable. Puis, il y eut plusieurs bruits. Des sorts, des cris, des craquements… Puis aussi soudainement qu’ils s’étaient manifestés, ces bruits cessèrent.
La mangemort hésita un instant avant de crier par-dessus son épaule : « Amycus ? Amycus qu’est-ce que tu fous encore ? » Aucune réponse.
Une petite lueur d’espoir naquit dans l’esprit du sorcier. Les renforts ne tarderaient pas à arriver. Il y avait un lit dans la pièce, s’il se jetait rapidement sur le côté et s’abriter à côté, il pourrait surprendre la femme pendant que son compagnon la prendrait à revers. Mais rien ne vint.

Les deux sorciers commençaient à paniquer. L’une parce que son partenaire ne répondait toujours pas à ses appels et l’autre parce qu’une baguette s’agitait dangereusement sous son nez. Si la cavalerie n’arrivait pas bientôt il se retrouverait avec un trou fumant dans le ventre ou pire encore.
- Thé ou café en attendant ? demanda Jean.
La Mangemort ne répondit pas. Elle ne tenta même pas de lui enfoncer la baguette encore plus profondément dans son abdomen.
Bien. La cavalerie n’arriverait pas. Il fallait qu’il se débrouille tout seul comme un grand. Les années d’expériences passées au service des Aurors lui permirent de calmer la vitesse de son pouls et de reprendre un souffle régulier et calme. A l’inverse, la mangemort semblait de plus en plus excitée et Jean parvenait même à attendre son souffle saccadé malgré le masque qu’elle portait.
Il coula un regard vers son poignet. Le pendentif en croix y était encore attaché – la mangemort n’avait pas compris qu’en réalité il utilisait cet instrument à la place de la traditionnelle baguette de sorcier longue d’une vingtaine de centimètres et, ma foi, fort peu pratique dans ce genre de situation – excepté peut-être pour appuyer fort sur le ventre de son prisonnier.

Prenant sa respiration il récita mentalement une formule de base. Ce n’était pas sa spécialité, mais il se débrouillait assez bien pour exécuter un simple sort non formulé. « Accio Cross ! » Le pendentif frémit mais ne vint pas se loger dans sa paume – évidemment un sort non formulé sans avoir sa croix bien en main était beaucoup plus difficile… « Accio Cross ! » Il n’eut pas plus de succès cette fois encore.
Il regarda la femme en face de lui. Elle était trop agitée pour remarquer son manège, jetant trop souvent des coups d’œil en arrière en direction de la porte.
« Allez marche s’il te plait ! Accio Cross ! » Au tréfonds de son être il sentit quelque chose tressaillir.
« Kkkk… Et si tu lui sautais simplement à la gorge ? Un petit cou et hop elle sera morte avant d’avoir seulement pu dire Avada. »
« Je ne veux pas la tuer. J’ai besoin d’elle pour que Maugrey l’interroge. Si nous nous sommes établis à Akzaban, ce n’est pas pour laisser les cellules vides. »
« Kkkk… Pathétique, pathétique… Tes fausses excuses ne marchent pas sur moi et tu le sais. Si tu ne veux pas la tuer tu n’as qu’à la… »
« Non. Accio Cross ! »
Cette fois-ci la croix se souleva et alla directement se loger dans la main de Jean. Le sorcier baissa son bras et cria :
- Expillarmus !
Instantanément l’arme s’envola de la main de la mangemort et alla rebondir sur un mur avant de tomber par terre. Médusée la femme fut plaquée contre la porte sous l’impact.
Sans laisser le temps à la mangemort de reprendre ses esprits, il lui envoya un sort de saucissonnage. Puis, il ramassa la baguette puis la cassa en trois. On n’était jamais trop prudent.
Laissant la sorcière dans la chambrette, Jean sortit prudemment. Il ne vit personne dans le couloir. L’autre mangemort devait forcément être quelque part. S’il avait eu de la chance avec la femme, peut-être n’en aurait-il pas autant avec le second. Mieux valait ne pas tenter le diable en fonçant tête baisser contre un mur.
Il prit quelques instants pour finir son inspection de l’étage – en veillant bien cette fois à surveiller ses arrières – avant de décider d’aller voir dans les escaliers.

- Et bien… On fait un petit somme on dirait ?
Numéro 6 était évanouie au milieu des marches. Sa position ne devait pas être très confortable mais sa poitrine se soulevant et s’abaissant à un rythme régulier lui confirma qu’elle était seulement endormie. Plus loin, gisait le deuxième mangemort lui aussi inconscient. Il était déjà stupéfixé mais pour plus de sécurité il le saucissonna également.
Puis il s’approcha de Numéro 6 et la tira vers un endroit plus confortable. Elle était lourde. Lourde mais il put quand même la soulever jusqu’à la chambre et la déposa dans le lit. Il alla ensuite chercher celui qui se faisait appeler Amycus mais il le traîna sur toute la longueur. Pas la peine de se fatiguer davantage.
Les deux mangemorts entassés dans un coin, il s’occupa de voir les blessures sur le corps de Numéro 6. La jeune femme n’avait que des bleus superficiels mise à part à la jambe où des échardes étaient venues se loger dans sa cuisse. Il découpa le jeans de son équipière un peu au-dessus de l’entaille principale et utilisa le tissu pour en faire un bandage qui empêcherait le plus gros des saignements.
Enfin, il s’assit sur le lit et se rapprocha du visage de la jeune femme. Il lui ôta délicatement son masque et le posa sur le côté. Plutôt pas mal quand elle dort… Il lui tapota ensuite la joue du plat de la main pour la réveiller.
- Debout tout le monde, on a encore du boulot !
Il regarda la pendule accrochée dans un coin de la chambre juste au-dessus des mangemorts paralysés. Il lui restait moins de dix minutes avant sa réunion ! Il secoua la tête tout en essayant de tirer Six de son sommeil. Décidément, ça n'était pas une bonne journée...

Elle entendit avant de voir. Samaëlle recouvrait peu à peu ses sens et la douleur avec. Les ecchymoses la faisait souffrir uniquement lorsqu'elle les touchait mais sa cuisse la lançait horriblement.
Elle n'avait toujours pas ouvert les yeux mais elle sentit une main tapoter sa joue. Preuve que son masque n'était plus à sa place. D'abord méfiante, elle se dit qu'un mangemort ne prendrait pas la peine de la réveiller doucement.
Elle saisit lentement la main qui lui ordonnait d'ouvrir les yeux et de se lever. C'était un homme, elle pouvait le deviner en touchant ses doigts. La voix lui donna raison.

-Debout tout le monde, on a encore du boulot !

Elle ouvrit enfin les yeux et sourit. The secret man. Le seul qui n'ait pas découvert son visage lors de la réunion, l'homme qui tenait absolument à garder l'anonymat. C'était donc lui qu'elle avait essayé de sauver avec sa tentative minable.

Elle le lâcha et tenta de se relever. Dans un affreux gémissement elle arriva à s'asseoir. Autour d'elle, il n'y avait rien qu'une pendule, l'homme masqué et des mangemorts dans un coin.
Son masque était à ses côtés, elle fut tenté de le remettre, elle se sentait gêné d'être ainsi mise à nue devant son coéquipier couvert. Mais elle avait encore besoin d'un peu d'air frais sur son visage.

Elle le remettrait plus tard. Elle avisa soudain sa jambe abîmée. Il avait fait un bandage de fortune. Mais pour ça il avait coupé son jean en haut des cuisses. Elle rougit violemment, ainsi dénudée par un de ses « collègues ». Ce n'était qu'une jambe mais cela la gênait affreusement.

Elle se reprit, respira profondément et voulu se servir de sa baguette. Sa main gauche en comportait deux. La sienne et celui du mangemort. Ses doigts crispés refusaient de desserrer leur prise. Samaëlle du s’aider de sa main droite pour enfin libérer les bout de bois. Elle allait briser la seconde baguette lorsqu’elle jugea qu’en fait ce n’était pas nécessaire. Si le mangemort à qui elle appartenait n’était pas connu, il leur serait facile d’apprendre son nom sans utiliser la torture. Se rendre chez Ollivander ou l’un de ses confrères suffirait pour l’identifier. Elle la rangea dans l’étui de sa propre baguette.

A l’aide d’un sort minime –elle n’aurait sûrement pu rien faire d’autre- elle découpa son jeans de la même manière qu’il l’était au dessus de sa blessure. Cela lui faisait un mini short très excentrique. Avec tout ce qui courait dans la rue, elle passerait plus inaperçu comme ça qu’avec une jambe nue et l’autre couverte. Après avoir fait tout cela, elle tourna enfin son visage sur son « protégé » et sauveur. Elle hésita avant d’ouvrir la bouche.

-Merci.

Elle ne pu rien dire d’autre sur le moment. La jeune femme remit son masque, regarda l’heure. Elle grimaça, ne pensant pas qu’il s’était déjà écoulé tant de temps. Elle fit un quart de tour, appuya son dos sur le mur. Elle attendit une minute, puis deux et tenta de se mettre sur pieds. Pendant ces efforts, elle se renseigna :

-On a des nouvelles de Weasley et de n°1 ?

Lorsque son pied gauche toucha le sol, ses jambes semblèrent faiblirent et elle se serait écroulé si elle n’avait pu se rattraper à la première chose qui passait, en l’occurrence l’épaule du numéro 5. Sa main l’agrippa et serra fortement. Son étreinte se fit moins violente lorsque sa tête se posa sur sa main. Elle soufflait bruyamment pour respirer. Il fallait se faire à l’évidence, elle ne pourrait marcher seule. Elle était un poids pour son coéquipier et en était bien consciente.

-Je crois… qu’il n’y a plus… que deux solutions. Soit… je reste là…et je surveille les mangemorts, soit je me repose sur vous et diminue vos réflexes donc notre survie de moitié.

Elle se rassit lourdement, le regard vague. Elle avait pensé pouvoir être à la hauteur or il n’en était rien. La douleur ajoutée au regret lui arracha une larme. Avec un sourire triste elle dit en conclusion :

-Partez et sauvez ce qui peut encore l’être de cette mission.

Elle détourna son regard de lui et fixa intensément les deux corps jonchant le sol. Sa tâche ne serait pas très dur, il était peu probable qu’il se réveille, sauf si le numéro 5 se faisait tuer. Son enchantement pour stupefixier prendrait alors fin. C’était un faible lien qui lui montrerait si l’homme réussirait sa tâche.

Samaëlle enlèverait son bandage lorsque ses forces lui reviendrait et pourrait enlever les échardes de son corps avec un sortilège d’attraction. Ca serait douloureux mais moins dangereux que garder du bois pourris dans sa jambe. Elle pensait déjà ce qu’elle dirait à Maugrey. Qu’il était inutile qu’elle continue, que c’était trop risqué pour elle. Elle préférait passer pour une lâche que mettre en péril encore une fois la vie d’un être du bon côté des évènements, un homme, quel qu’il soit, qui pourrait changer les choses et servir le dessein ambitieux du vieil Auror.

Cela ne faisait pas deux minutes qu’elle avait demandé à l’autre de partir qu’elle fermait déjà les yeux. Non pas qu’elle dorme mais ses paupières la piquait et elle ne voulait pas se laisser aller. Pas ici, pas maintenant.

Lorsque Six se réveilla enfin Jean sentit un poids s’envoler de ses épaules. Les blessures étaient bien superficielles mais il avait craint qu’une lésion ait empêché son équipière de se réveiller – définitivement.
La jeune femme paraissait secouée et très affaiblie. C’était tout à fait normal après tout, bien que l’ancien auror se demanda encore comment elle avait bien pu se retrouver une jambe coincée au milieu de l’escalier. Elle n’était quand même pas aussi lourde que ça, si ?
Après quelques instants elle sembla avoir repris assez ses esprits. Elle demanda à son compagnon si l’on avait des nouvelles de Weasley et de Numéro Un. Jean se contenta d’hausser les épaules. Il n’en savait pas plus qu’elle mais il espérait que le clown avait pu mener sa mission à bien. A l’heure qu’il était soit il avait réussi, soit il devait être mort, ses restes servant de nourritures aux rampants qui grouillaient par ici.
Cette idée fit frissonner l’homme masqué. Il ne s’en était fallut que d’un cheveu que lui aussi passe l’arme à gauche. Si la jeune femme n’était pas intervenue, il n’aurait peut-être pas eu l’occasion de reprendre la situation en main. A la limite il aurait pu se débarrasser de la femme avant de se faire abattre par le deuxième mangemort embusqué.

Après quelques minutes, Numéro Six parut assez remise pour se mettre debout ou du moins tenter de le faire. Mais à peine avait-elle posé les pieds sur le sol de la petite chambre qu’elle faillit s’écrouler par terre, tête la première. Au dernier instant elle se rattrapa à l’épaule de Jean et le sorcier dû la soutenir un instant avant de la reconduire au bord du lit. Le traumatisme était finalement plus fort que prévu.
Lorsqu’elle tenta de lui parler, ses paroles étaient hachées et sa voix discordante comme si elle était prise d’une grande lassitude ou d’une soudaine envie de pleurer, ce que Jean ne put exactement déterminer. Elle se rassit lourdement et continua
- Partez et sauvez ce qui peut encore l’être de cette mission.

Cinq considéra la proposition de Six un moment. Il tentait d’analyser les paramètres qui pouvaient expliquer qu’il ait déraillé autant de la mission d’origine. Il y avait un compagnon blessé et personne d’autre que lui n’était susceptible de l’aider pour l’emmener hors de la zone de combat. Ensuite, les deux mangemorts capturés étaient des proies bien plus précieuses qu’un simple fonctionnaire de l’administration magique – du moins c’était l’avis du jeune sorcier. Il ne pouvait pas courir le risque que les deux lascars lui glissent entre les doigts en tuant par la même occasion Six.
De plus, un nombre inconnu de mangemorts rôdaient encore dans les parages. Il avait vu le signe lumineux « + 3 D.E. » que l’un de ses alliés avaient lancé. En admettant que ces deux là faisaient partis du groupe déjà aperçu cela faisait au moins encore un mangemort dans les parages. Il n’hésita pas un instant de plus. Maugrey dirait ce qu’il voudrait mais les paramètres de la mission étaient différents. Il se bornerait pour l’instant à garder Six en vie et de la conduire elle et les deux mangemorts captifs dans un lieu sûr jusqu’à leur transfert à Azkaban. Pourquoi se serait-on installé dans une prison désaffectée si c’était pour garder les cellules vides ?

- Négatif Six. Je redéfinis les priorités de la mission. Vous restez en vie et je vous amène vous et les deux têtes d’os hors de la zone à risque d’abord. Ensuite j’irais à la recherche de Un.
Faisant glisser son pendentif dans sa main, Cinq utilisa le sortilège de levi corpus sur les deux serviteurs du Seigneur des Ténèbres. Il y en a un qui ne va vraiment pas être content ce soir.. Puis il se tourna vers celle qui devait être son équipière :
- Vous pouvez marcher ou vous préférez que je vous porte ? demanda-t-il en esquissant un sourire narquois heureusement dissimulé par son masque.
Bon et bien c’était râpé pour sa réunion du Magenmagot. Il pourrait toujours prétexter qu’il avait été pris dans la foule paniquée et qu’il n’avait pu en sortir avant qu’il ne soit trop tard… Il soupira. A force il allait devenir le roi des menteurs.

Je me glisse, furtive, entre les étages. Les lieux passent et se ressemblent mais je ne m'y attarde pas. Le souffle court, ma respiration est bruyante mais je continue de longer les murs. Je sens le sang battre à mes tempes mais je continue tant que mes jambes me portent. Je passe les portes et affronte les silences avec espoir. En vain, je guette le moment où tout se termine, la fin idyllique mais rien ne vient. En bas, je sais leurs yeux cachés derrière leur masque qui ne ressemble pas au mien. Je vois trouble mais mon instinct s'aiguise, subtil paradoxe: La peur donne des ailes.

Mes pieds depuis longtemps écorchés continuent de marteler le sol à un rythme irrégulier. Ma main griffée effleure les murs tandis que l'autre crispée ne sait se défaire de mon vulgaire bout de bois. L'ombre qui me poursuit à beau être la mienne, je tourne la tête de droite, de gauche. Les rues qui défilent se ressemblent, inlassablement, ce sont les mêmes. Les paysages déserts me renvoient l'image de mon esprit. Les idées ne viennent plus et je navigue entre affolement et lucidité. Mes lèvres comme habitées de démons ne cessent de murmurer des formules dont je ne me souvenais plus me souvenir, âpre défaite: La peur est mauvaise conseillère.

Leurs rires résonnent en écho tandis qu'ils me traquent. Ils sont deux je crois mais à mes yeux ils sont tant. Inutile de les surprendre je gagne un temps pour perdre celui d'après. Fréquemment je sens le souffle chaud d'une torture quelconque m'effleurer les tympans. Je retiens mes larmes et tente de me rappeler ce que j'ai pu être. L'écran noir qui brouille soudain mes yeux est semblable au gouffre dans lequel je ne dois pas tomber. Funambule je marche en équilibre sur un fil souple qui n'a pas de fin : La fuite n'est pas une solution.

Je deviens folle à trop penser. La moindre idée se répercute en écho dans mon esprit dérouté. Je perd toute notion de temps ou même d'espace. Les vertiges me prennent alors que j'apparais dans ce nouveau couloir. Il me semble être tombé dans une spirale infernale ou chaque fenêtre est un regard accusateur ou perfide. Mes mains tremblent alors que la fatigue s'abat sur moi. Ma tête me semble étrangement lourde, la panique me gagne mais j'avale inlassablement ces quelques mètres de survie que l'on m'offre. Je m'agrippe avidemment au fil de mon existence: La fuite est mon unique solution.

Chaque seconde m'apparaît comme une victoire. Chaque seconde de plus à vivre et à respirer m'est précieuse. Je fuis misérablement comme pour sauver encore un rien de mon existence. Je cours pour garder encore de ma misère. Je souffre presque avec bonheur car la douleur n'appartient qu'aux vivants.Je prend conscience de ce merveilleux orgueil qui nous est propre. J'entend résonner en moi l'ordre quasi-divin, l'ordre des ordres: Vivre, il faut vivre encore, rien qu'une seconde de plus.

Mes pas s'affolent comme sentant que tout n'aura été que vain. Ma main cherche une prise tandis que l'autre semble abandonner. Une lumière perce le voile sombre qui couvrait ma vue. J'avance, non, je cours encore vers celle-ci. Face à cette fenêtre ouverte, béante sur les six étages plus bas; je m'arrête. Tout m'apparaît comme clair, ma respiration même se calme et je comprend. Je sais, et l'ordre que je m'assène devient primordial: Mourir, il faut mourir, pour tout ce en quoi l'on croit.

J'ai froid. Un froid doux qui souffle sur mon visage et en efface la sueur. Un froid aimant qui me réconforte jusqu'au plus profond de mon être. Un vent de raison et cette agréable sensation de froid.
J'ai peur. Une peur saine qui me fait prendre conscience. Une peur fidèle qui guidera mon bras et mon arme. Un sentiment de pleinitude orchestrée par cette étrange peur.
Et j'ai confiance. Il me suffit de fermer les yeux pour effleurer la toile de mes souvenirs, il me suffit d'un instant de silence pour voir et entendre tous ceux qui me sont chers. Le courage me gagne comme une bouffée d'espoir. La peur me fait avancer mais je ne l'écoute pas, la fuite ne m'est plus nécessaire, il ne m'appartient pas de décider quand vivre ou mourir.

Ils sont deux mais ils sont divisés. Ils cherchent dans les appartements voisins. Ils font un bruit assourdissant, de pas, de cris, d'objets que l'on brise, de rage. Je me glisse comme une ombre entre les décombre de l'appartement où je me terre. Tel le serpent je me laisse couler jusque la porte et darde mon venin, prête à bondir, mortelle. Je tiens ma baguette fermement mais souplement, à l'esprit tout est clair, les formules comme les gestes. La porte grince doucement, je jette un regard et il me voit.

Je me baisse et esquisse un pas en arrière. Las de me voir jouer il enchaine les sorts impardonnables comme pour en finir plus vite. Lasse de me voir courir, je me prend à son jeu. Je me jette, rapide, le regarde un instant et lance un ultime :"AVADA KEDAVRA". Son corps s'écroule, je sais avoir désobéi mais un sentiment de réconfort me gagne; un de moins maintenant nous jouons à armes égales.

Je cherche le second. Je sais qu'il m'a entendu et je doute qu'il ait peur. Mon masque couvre cette grimace ridicule de concentration que j'arbore. Un pas, deux pas, trois pas... qui résonnent dans les siens. On se croirait dans un mauvais western et un sourire me gagne quand je songe un instant à sortir "Cette ville est trop petite pour nous deux." Lui ne sourit pas, même son masque ne parvient plus à dessiminer son visage de fou. Son sort m'envoit valser quelques mètres plus loin où j'atteris difficilement contre un mur que ma tête vient heurter. sonnée j'attend qu'il donne le coup fatal mais patient il vient vers moi, serait-il aussi idiot?
Je compte ses pas et ne parvient pas à me saisir de ma baguette. Il s'arrête à un mètre de moi, lève sa baguette et je me jette sur lui pour le faire chuter.

Nous nous écroulons tous les deux sur le sol et je m'empresse d'envoyer voler sa baguette. Rapport force/poid, il gagne sur les deux tableaux. Rapidement il prend le dessus et je me retrouve sous lui, écrasée par son poids, étouffée par ses deux mains qui m'enserrent la gorge. J'allonge le bras au maximum, murmure un "Accio" et parvient à saisir ma baguette. Victorieuse je lui glisse sous la gorge et le gorille se relève docilement.

-PETRIFICUS TOTALUS.


Je m'effondre. Je suis vannée.

Elle sentait toujours sa présence malgré ses yeux fermés. Elle ouvrit un oeil curieux, puis l'autre. Il était bien là, planté à sa gauche. S'il ne se dépêchait pas, il n'arriverait jamais à temps pour aider Un.

-Négatif Six. Je redéfinis les priorités de la mission. Vous restez en vie et je vous amène vous et les deux têtes d’os hors de la zone à risque d’abord. Ensuite j’irais à la recherche de Un.

Quoi? Une blague, sûrement. Il y avait pleins d'arguments pour qu'il s'en aille seul, mais Samaëlle n'avait pas le courage ni la force de les lui soumettre. Elle lui offrit donc un sourire incertain.

Où pourrait-ils aller? Il faudrait s'écarter tout de même assez loin et ils ne pouvaient transplanner. Il était hors de question pour elle d'utiliser de la poudre de cheminette, ça l'achèverait mentalement. Il restait la marche où les transports communs.

Sa question de politesse lui fit l'effet d'une gifle. Il la raillait, peut-être dans le but qu'elle se remue plus vite? Elle se traîna avec difficulté au bord du lit.

-C'est demandé avec tellement d'attention que je ne pourrais refuser votre épaule si vous me la proposiez.

Il tenait les mangemorts à sa merci, en lévitation à un mètre du sol. Sa baguette avait un aspect étrange qui intriguait et attisait la curiosité de la jeune femme. Elle ne pouvait s'empêchait de l'observer du coin de l’œil.
Sa concentration étant conjugué vers son sort, je devais faire en sorte de ne pas paraître trop pesante et me jeter à terre si un danger se présentait.

Cela sauverait probablement ma vie, et la sienne. Les escaliers furent probablement le pire passage. Ils étaient obligés de s'arrêter souvent, la plaie s'était remise à saigner malgré le garrot appliqué.
Samaëlle avait le souffle coupé de plus en plus rapidement. Lorsqu'ils étaient sorti de la chambre, elle avait remis son masque, ce qui lui permit de cacher ses larmes de douleurs.

Arrivés au rez-de-chaussée, elle s'arrêta pour de bon, lâchant l'épaule de son équipier, elle s'assit par terre, défit le bandage et grimaça.
Elle ne pouvait continuer comme cela et ça se voyait. Elle eut un mouvement pour enlever son masque mais se retint à temps. Elle n'oubliait pas les sillons que ses pleurs avaient laissés sur son visage.

Samaëlle serra les dents, sorti sa baguette, leva le bras et... l'abaissa. Dangereux de dépasser ses limites en magie. Elle entama pourtant son geste de nouveau. Il le fallait, et vite. Les échardes comme un poison s'insinuait toujours plus profondément dans sa chair.

Elle aurait voulu demander au numéro Cinq de le faire pour elle mais redoutant ses remarques, elle n'en dit rien. Accio échardes Elle commençait par le superficiel, la douleur était supportable. Plus elle jetait ce sort, plus ses forces l'abandonnait.

C'était un combat contre sa propre souffrance qu'elle menait, et peut-être préférait-elle un duel face à un mangemort. Elle arrivait au stade critique. Le sang coulait le long de son genou, de son mollet découvert, finissant sois par terre sois dans sa chaussure. Serrer les dents ne suffisait plus, lorsqu'elle ne se mordait pas la langue, elle laissait échapper des petits cris.

Sa peau était blême sous son masque. Lorsqu'elle retira la dernière grosse menace de son corps, Samaëlle faillit s'évanouir de nouveaux. Pourtant, il fallait tenir bon ou laisser en plan la mission et son collègue qui risquait gros à cause d'elle. Elle se força à respirer lentement, son coeur frappant sa poitrine dans une gigue incontrôlable. Elle avait eu peur.

Elle retira son pull, déchira son tee-shirt, remis son pull et renoua un tissu autour de sa jambe. Lorsqu'elle se leva de nouveau, à l'aide de Cinq, la douleur ne fut ni plus aigu ni plus facile à supporter qu'avant. Mais elle savait au moins que sa peau cicatriserait vite. Un don génétique, il paraîtrait.

Samaëlle n'était plus qu'a demi-consciente, elle suivait le rythme imposé par son "sauveur", n'analysant même pas les rues qu'ils empruntaient, elle lui faisait assez confiance pour se laisser aller à autre chose. Comme mettre un pied devant l'autre sans trébucher.

Ils avaient rendez-vous à la fin de la mission avec Maugrey pour faire leur rapport. Samaëlle suggéra de la laisser au point de chut et de retourner ensuite si besoin dans la zone de combats. Malgré le fait qu'elle n'avait pas le courage d'affronter son supérieur, elle préférait être à l'abri avec lui que toute seul quelque part cachée.

Soudain elle trébucha. Un pierre. Ah. Au moins elle pourrait prétexter que ce n'était pas de sa faute, mais de celle de ladite pierre placée au mauvais endroit au mauvais moment.

-J'en peux plus. Combien de temps encore?

Le point alpha ne se trouvait plus qu’à l’autre bout de la rue. Malheureusement il fallait traverser l’artère principale et repasser tout près du lieu du clash. Avec la foule qu’il devait y avoir, Jean se demandait quel sort serait le mieux adapté pour lui permettre de trimbaler deux têtes d’os et une blessée.
D’ailleurs la jeune femme semblait de plus en plus peiner à avancer mais le sorcier ne ralentissait pas l’allure pour autant. Ils avaient déjà entraperçu deux ou trois personnes au coin des ruelles voisines et il ne voulait pas donner plus de boulot aux Oubliator qu’ils n’en auraient déjà avec l’incident devant Saint Mangouste.

Le dilemme se termina sans qu’il ait à trouver lui-même la solution. Glissant sur le trottoir Numéro Six s’étala de tout son long. La pauvre fille faisait peine à voir avec son pantalon déchiré, sa jambe bandée et son masque de travers.
- J'en peux plus. Combien de temps encore ?
- Ca dépend combien de temps vous voulez rester par terre ?
- Autant de temps que vous me ferez attendre sans m'aider à me relever.
Charmante. Jean la prit au mot et releva sa collègue non sans difficulté. La pauvre avait perdu tellement de sang que sa peau était toute pale, presque translucide.
- Bon et bien il nous reste à traverser une rue bondée de monde pour arriver à la Barbe de Merlin. Une idée pour passer sans cape d’invisibilité ?
- C'est vous qui faites de l'esprit, trouvez une solution car je n'en vois pas d'autres que faire un détour.
Jean haussa les épaules. Bon. Ils n’avanceraient rien à discutailler ainsi. Il fit léviter les deux mangemorts jusque dans une benne à ordure ouverte et d’un coup de baguette renversa le couvercle.
Bien ça ferait deux charges en moins. Malheureusement il lui restait encore un poids mort sur le dos.
- Vous voulez les rejoindre ou je vous amène à Saint Mangouste ?
- Non merci, ça ira pour moi. On nous a dit de retourner à la Barbe de Merlin. Et puis l’hôpital est trop proche de la zone à risque.

La petite marquait un point. Il y avait encore pas mal de chance qu’une ou deux têtes d’os se trouvent encore sur les lieux. Le mieux qu’il puisse faire s’était de la ramener au point alpha. Sans les deux crânes se serait bien plus simple mais selon son plan il devrait ôter leurs masques.
Ca n’allait pas du tout… Il savait qu’un jour ou l’autre ses coéquipiers découvriraient sa véritable identité. Mais il se voyait mal leur dire : « Salut c’est moi qui travaille avec le boss du gouvernement que vous trouvez inefficace ! » Et il ne pensait pas qu’ils le découvriraient si tôt.
La dernière solution consistait au sortilège d’Oubliettes. Le jeune sorcier se savait assez doué pour plus ou moins arriver à juste effacer le souvenir de son visage de la mémoire de Six. Bon et bien soit. La jeune femme pourrait se passer des deux dernières minutes de son existence si jamais il ne parvenait pas totalement à maîtriser le dosage…

D’un coup de baguette il fit apparaître à ce qui ressemblait à un manteau. Il était assez long pour couvrir les jambes ensanglantées de Six. Il la fit enfile le vêtement et passa son bras autour de sa taille pour la soutenir. Ils continuèrent à avancer jusqu’à l’embouchure de l’artère principale. La foule avait repris son train train habituel comme si les évènements qui s’étaient déroulés quelques minutes plus tôt n’avaient jamais eu lieu.
- Chérie, je crois qu’il te reste encore un bar à visiter avant de rentrer.
Elle ne répondit pas. Il enleva le masque de la jeune femme et tendit sa main pour enlever le sien.



Décidément le clown avait fait du bon boulot. Deux mangemorts se trouvaient enfermés dans des cages anti-magie et comparaissaient désormais devant le tribunal du Magenmagot.
Après avoir ramené Six à la Barbe de Merlin, Jean avait courut dans les ruelles, prenant la dernière direction qu’il avait vu Weasley et son compagnon prendre lorsqu’ils s’étaient séparés. Lorsqu’il était enfin arrivé sur « les lieux », il n’avait trouvé que deux mangemorts inconscients.
Peu de temps après une équipe d’Auror avaient débarqué et il avait préféré s’éclipser. Officiellement Jean-Osten Delacroix n’avait jamais quitté son domicile ce jour là à cause d’une vilaine grippe dragonienne.
Malheureusement, les deux têtes d’os que Six et lui avaient mis hors d’état de nuire ne se trouvaient plus dans la benne où il les avait laissé. Autant, pour prisonniers.

Mais tout n’était pas perdu. Aujourd’hui, grâce à « la brillante intervention du détachement Auror, Weasley avait été sauvé ». Du moins c’est ce que le ministère avait divulgué dans la presse – tout le monde savait que les mystérieux « Vénitiens » n’y étaient pas étranger.
Rufus se leva :
- Bien, je déclare la séance ouverte.
Jean regarda les deux hommes en bas de l’estrade. Il avait vraiment l’air pitoyable. Des sorciers mineurs pour une cible mineure. Pour les Vénitiens, les ennuis, les vrais, ne faisaient que commencer.